ACCORDS PÉTROLIERS RUSSO-AMÉRICAINS
Un changement d'ère pétrolière s'est amorcé mardi en Russie. Par un spectaculaire renversement d'alliance, le pouvoir russe a mis fin aux positions dominantes du britannique BP dans le pays, au profit d'Exxon Mobil. La major américaine a été choisie pour épauler le géant Rosneft dans la prospection et l'exploration des immensités arctiques, qui recèleraient plusieurs milliards de barils d'or noir. Outre qu'il offre à Rosneft la technologie occidentale d'Exxon Mobil,
cet accord permettra également au Russe d'opérer sur le continent américain - dans le golfe du Mexique et au Canada - où il n'avait jamais mis les pieds auparavant.
Mercredi, dans la foulée, et dans la plus pure tradition russe des affaires, les locaux de BP à Moscou ont été perquisitionnés. Opérant officiellement sur ordre du tribunal de Tioumen (Sibérie), les enquêteurs recherchaient des documents relatifs à l'accord passé naguère entre le Britannique et le même Rosneft, également destiné à explorer les champs arctiques. Cet accord avait été dénoncé par des oligarques actionnaires de la filiale russe de BP (TNK BP), contraignant Moscou à rechercher de nouveaux partenaires. Des analystes ont vu dans le raid de mercredi des mesures de représailles engagées contre BP, désormais privé de tout soutien politique. Le siège londonien du pétrolier a contesté le «
caractère légal » de la perquisition, qui n'aurait pour seul but que «
d'exercer une pression sur les affaires russes de BP ». L'actuel PDG de BP Bob Dudley, en poste à Moscou jusqu'en 2008 avait vécu un harcèlement des autorités russes dans un précédent bras de fer, qui l'avait contraint à partir, privé de permis de travail.
Signe que le climat d'affaires est au beau fixe entre Moscou et Washington, c'est désormais Exxon Mobil qui bénéficiera de la protection du pouvoir russe.
C'est Vladimir Poutine en personne qui a sécurisé l'accord, avec la complicité de son vice Premier ministre, Igor Setchine, éminence grise du pétrole et membre éminent du clan russe antilibéral. Ce dernier avait dû quitter la présidence de Rosneft sur ordre du président russe, Dmitri Medvedev. Lui et Poutine n'avaient soutenu que du bout des lèvres le précédent accord entre BP et Rosneft, soutenu à l'inverse par les clans rivaux du Kremlin. Contrairement à ce dernier, l'alliance avec Exxon Mobil - première capitalisation boursière au monde - ne prévoit pas d'échange d'actions. Mais il devrait faciliter une future privatisation - quoique partielle - de la compagnie russe.
source:
http://www.lefigaro.fr/societes/2011/08/31/04015-20110831ARTFIG00660-bp-en-disgrace-a-moscou-qui-lui-prefere-exxon-mobil.php
Le numéro un du pétrole russe, le groupe public Rosneft, et le géant américain ExxonMobil ont signé aujourd'hui une série d'accords dans le cadre de leur partenariat stratégique dans l'exploration de l'Arctique russe, ont rapporté les agences russes. Les deux sociétés ont notamment signé un document sur l'exploitation des réserves d'hydrocarbures dans l'Arctique,
en présence du président russe Vladimir Poutine.
Elles ont aussi signé un accord sur l'entrée d'ExxonMobil dans le "Centre de technologies arctiques", crée par Rosneft en octobre dernier pour développer des technologies nécessaires à la prospection des gisements offshores. «
J'espère que ce travail conjoint sera bénéfique pour le marché énergétique mondial et pour les deux entreprises », a déclaré M. Poutine au PDG d'ExxonMobil, Rex Tillerson, cité par l'agence Itar-Tass.
Ces signatures s'inscrivent dans le cadre de l'accord du partenariat stratégique signé août 2011 par Rosneft avec ExxonMobil pour explorer en particulier l'Arctique russe et un bloc en mer Noire, quelques mois après le fiasco de son alliance avec le britannique BP.
En avril, les deux groupes avaient signé des accords prévoyant notamment la création de coentreprises pour explorer la mer de Kara dans l'Arctique et la mer Noire (sud de la Russie). Cette entente doit permettre à la Russie, qui jouit de gigantesques réserves d'hydrocarbures encore inexploitées, d'obtenir des investissements et l'expertise des grands groupes étrangers dans l'exploitation des gisements offshore, bien plus difficiles à exploiter que les gisements traditionnels.
Rosneft a par ailleurs obtenu en échange le droit de participer à une série de projets d'exploration d'ExxonMobil en Amérique du Nord, incluant les eaux profondes du Golfe du Mexique et les gisements pétroliers au Texas ainsi qu'au Canada.
source:
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/06/15/97002-20120615FILWWW00549-petrole-accord-rosneftexxonmobil.php
Le pétrolier russe Rosneft a annoncé lundi 22 octobre qu'il allait racheter la totalité de la coentreprise TNK-BP, dans une transaction chiffrée par son président à 61 milliards de dollars, qui devrait faire du groupe public
le premier producteur d'or noir coté en Bourse dans le monde. Troisième producteur russe de pétrole, TNK-BP avait été créé en 2003 par BP et le consortium d'oligarques russes Alfa Access Renova (AAR).
Mais la coentreprise était engluée dans un conflit entre actionnaires depuis la signature en janvier 2011 d'une alliance entre BP et Rosneft pour explorer l'Arctique, qui a finalement échoué en raison de l'opposition d'AAR à cet accord. Après des mois de spéculation, BP a annoncé lundi être parvenu à un accord pour vendre sa part à Rosneft, qui devrait lui permettre également de prendre à terme 18,5 % du groupe public russe et de recevoir 12,3 milliards de dollars.
BP va, dans un premier temps, recevoir 17,1 milliards de dollars en numéraire et des actions représentant 12,84 % du capital de Rosneft. Il a ensuite l'intention d'utiliser 4,8 milliards de dollars pour racheter 5,66 % supplémentaires de Rosneft à l'Etat russe, portant ainsi sa participation totale à 19,75 %, compte tenu des 1,25 % qu'il possédait déjà. Cette participation sera achetée à la Russie au prix de 8 dollars par action, soit une prime de 12 % par rapport au cours de clôture du 18 octobre.
L'accord a été annoncé à l'issue d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le président de Rosneft Igor Setchine dans la banlieue de Moscou. L'homme fort du Kremlin a salué l'accord, estimant qu'il était "bon" pour l'économie russe. «
J'espère que [Rosneft] parviendra à bâtir des relations de partenaire avec l'un de ces futurs principaux actionnaires », a-t-il déclaré, en référence à BP et aux conflits entre BP et AAR. «
Cette compagnie travaille depuis longtemps chez nous, elle s'est montrée sous un jour positif », a-t-il ajouté.
Nationalisation géanteRosneft a parallèlement annoncé s'être mis d'accord avec les actionnaires russes pour reprendre leur participation pour 28 milliards de dollars en numéraire. Cette nationalisation géante a été chiffrée à 61 milliards de dollars par M. Setchine, un proche de M. Poutine, ce qui en fait selon lui
la troisième plus grosse fusion-acquisition de tous les temps dans le secteur énergétique, après la fusion entre les américains Exxon et Mobil et l'absorbtion d'Elf par Total.
Elle propulse Rosneft, détenu à 75 % par l'Etat russe, à la première place des producteurs de pétrole cotés en Bourse dans le monde, devant l'américain ExxonMobil ou le chinois Petrochina. Sa production, de plus de 4 millions de barils par jour, représente environ 40 % de la production quotidienne de la Russie. Elle renforce aussi, selon certains analystes, l'emprise du Kremlin sur le secteur énergétique russe, le président s'étant personnellement impliqué dans les négociations.
Pour BP, l'opération permet de solder une aventure très juteuse financièrement mais qui avait fini par le paralyser en Russie. Ses déboires étaient devenus l'un de ses principaux problèmes avec l'explosion en avril 2010 de sa plate-forme Deepwater Horizon et la marée noire dans le golfe du Mexique qui avait suivi. Le groupe britannique a dit s'attendre à obtenir deux sièges sur neuf au conseil d'administration de Rosneft.
«
TNK-BP a été un bon investissement et nous posons désormais les nouvelles bases de notre activité en Russie », a commenté Carl-Henric Svanberg, président de BP. Les deux parties ont désormais une période d'exclusivité de quatre-vingt-dix jours pour aboutir à un accord définitif. Elles devront par la suite obtenir divers feux verts gouvernementaux et réglementaires pour une finalisation attendue au premier semestre de 2013.
source:
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/22/le-petrolier-russe-rosneft-rachete-tnk-bp-pour-61-milliards-de-dollars_1779274_3234.html
«
Je suis certain que notre expérience et nos infrastructures dans l’ouest de la Sibérie, couplées aux technologies de notre partenaire ExxonMobil, vont nous permettre de commencer à exploiter de grandes réserves de pétrole de schiste », a déclaré Igor Setchine, le président de Rosneft lors de la signature de l’accord entre les deux sociétés.
Selon le communiqué envoyé par Rosneft, une co-entreprise sera établie entre les deux compagnies pour évaluer les possibilités de
production commerciale de pétrole de schiste [une forme de pétrole brut enfermé dans les dépôts de schiste plusieurs kilomètres sous la surface de la terre, ndlr] dans une zone couvrant 10 000 kilomètres carrés dans l’ouest de la Sibérie. La compagnie pétrolière russe estime le rendement potentiel de cette région entre 15 et 20 milliards de barils de pétrole brut.
Outre sa technologie et son expertise technique dans l’extraction de pétrole de schiste, ExxonMobil va engager 300 millions de dollars pour le projet pilote de Sibérie. De son côté, la partie russe fournira le personnel et l’accès aux infrastructures existantes. Rosneft détiendra en outre 51% des parts du joint venture.
Le forage exploratoire débutera en 2013. Si les résultats sont positifs, le lancement de la production de pétrole est prévu pour 2015.
Ce nouvel accord fait partie du vaste partenariat stratégique signé entre les deux géants pétroliers en août 2011. Depuis cette signature, les deux sociétés ont notamment créé une entreprise commune d’exploitation afin de développer la production de pétrole dans la fosse de Tuapse, en Mer Noire, au large de la région de Krasnodar et d’explorer une partie des gisements de l’Arctique russe.
source:
http://www.lecourrierderussie.com/2012/12/10/rosneft-et-exxon-etendent-leur-accord-a-la-siberie/
Rosneft-Exxon : une alliance contre nature ?
Depuis la très médiatisée alliance TNK-BP, véritable axe énergétique nord-européen, les partenariats stratégiques pétroliers Est-Ouest ne surprennent plus vraiment. Toutefois l’annonce
d’une alliance russo-américaine dans un domaine stratégique aussi sensible que les hydrocarbures laisse songeur. La Guerre Froide est terminée depuis longtemps, néanmoins le découpage de l’exploitation des ressources de l’Arctique a ravivé les tensions entre les pays bordiers du pôle depuis 2009.
L’annonce d’une alliance entre le russe Rosneft et l’américain Exxon-Mobil a donc de quoi surprendre.Le partenariat Rosneft-Exxon Mobil vise ainsi en tout premier lieu l’exploitation de l’Arctique. Toutefois l’ampleur des ressources dans cette région où les tensions sont toujours vives, restent très hypothétiques. L’accord porte sur l’exploration-production de quatre champs pétrolifères distincts avec un investissement conjoint de l’ordre de 3,2 milliards USD.
Vu de loin, et comme le titre la
Repubblica, il serait facile de croire que cette alliance stratégique n’est en fait qu’une ouverture des réserves russes à une entreprise américaine. En effet, les USA ne sont pas positionnés géographiquement pour exploiter directement les ressources arctiques alors même que le gouvernement américain estime celles-ci à, peut-être, 25% du total mondial. Il semblait ainsi impossible qu’aucune major américaine ne soit présente dans le partage de ce gigantesque gâteau pétrolier. D’un autre côté la Russie est le pays en pointe dans l’Arctique puisque, depuis 2009, Moscou multiplie les démonstrations de souveraineté: déploiement de troupes et exploration des fonds sous-marins. En outre les autorités russes poursuivent les négociations internationales, avec la Norvège notamment, pour s’assurer une certaine tranquillité internationale. Seul le Canada s’oppose vivement à la Russie, principalement sur la définition de la souveraineté du plateau continental étendu – notion laissée en suspend lors de la Conférence de Montego Bay – dont découle la capacité d’exploitation du sous-sol. L’alliance Rosneft-Exxon permettrait donc, en faisant rentrer une major américaine dans les exploitations russes, à la Russie de calmer les velléités canadiennes par intervention américaine interposée. Exxon-Mobil gagnerait donc, par une simple médiation, un droit de tirage important dans un des plus grands champs pétroliers découverts ces dernières années.
La Russie apparait donc au premier abord comme le demandeur mais à y regarder de plus près,
Rosneft gagne sans doute largement plus de choses qu’Exxon-Mobil dans cette alliance. Tout d’abord, au-delà d’une hypothétique médiation américaine dont Moscou s’est jusqu’ici tout à fait passée,
le groupe pétrolier russe met la main sur l’ensemble de la technologie d’exploration-production d’Exxon-Mobil dont l’absence constituait jusqu’ici sa principale faiblesse. Le développement technologique des compagnies pétrolières est en effet à un tournant et une fracture est en train d’apparaitre entre les compagnies ayant massivement investi en R&D pour développer de nouvelles technologies, notamment sur l’exploitation des pétroles non-conventionnels, et les autres. Jusqu’ici les compagnies russes se classaient aux côtés de Pemex ou de PDVSA – Petroleos de Venezuela – dans la seconde catégorie. Par cet accord, Rosneft, compagnie phare de l’Etat russe, dirigée jusqu’en juin dernier par un des proches de Poutine, Igor Setchine, est en position de combler son retard technologique. Ainsi la compagnie russe pourrait, à terme, prendre un ascendant déterminant au Venezuela – 4e réserves mondiales de pétrole – dont la compagnie nationale montre chaque jour des signes d’essoufflement.
La deuxième opportunité qui s’ouvre devant Rosneft est inscrite dans l’accord de partenariat stratégique signé avec Exxon-Mobil: le pétrolier russe pourra à l’avenir s’implanter aux côtés d’Exxon-Mobil dans le Golfe du Mexique. Or le gouvernement mexicain cherche activement une solution aux problèmes de sa compagnie nationale Pemex. Cette dernière, par une politique trop légère en matière d’investissements, se trouve face à l’épuisement prématuré de ses champs pétrolifères du Golfe du Mexique dont celui de Cantarell qui concentrait jusqu’ici l’essentiel de ses ressources. Pemex se trouve donc obligée de s’associer avec une compagnie disposant d’un niveau technologique suffisant pour assurer l’exploration-production des gisements non-conventionnels. Pour faciliter les démarches de l’entreprise, le gouvernement mexicain a modifié la législation du pays le 18 août 2011 pour permettre aux entreprises étrangères de s’allier avec Pemex. Toutefois le problème du choix de l’entreprise étrangère se pose encore et le gouvernement de Mexico tient à éviter une alliance forcée avec une major américaine ce qui mettrait un peu plus l’économie mexicaine sous tutelle de Washington. Une compagnie pétrolière russe, maitrisant les technologies d’exploration-production de pétroles non-conventionnels, serait ainsi l’allié idéal pour Pemex. Conscient de cette opportunité, Rosneft, après son alliance ratée avec BP, s’est trouvée avec Exxon-Mobil le parfait partenaire, apte à combler ses faiblesses.
Rosneft se trouve donc avec cette nouvelle alliance dans une position idéale pour développer sa puissance mondiale. En échangeant une participation coûteuse dans une région dont personne ne peut encore sérieusement mesurer les difficultés et les retombées estimées, contre une technologie avancée et un blanc-seing pour agir en Amérique Latine,
l’entreprise russe apparait comme le vrai bénéficiaire de cette alliance. Sans en mesurer toute la portée,
Exxon-Mobil vient de se créer sur son propre terrain historique un concurrent redoutable; comme le disait Machiavel: « qui se prête à l’agrandissement de ses voisins prépare son propre anéantissement ».source:
http://www.polemos.fr/2011/08/rosneft-exxon-une-alliance-contre-nature