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 CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES...

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MessageSujet: CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES...   CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES... Icon_minitimeJeu 1 Sep 2011 - 19:05

CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES...







Certaines personnes ont pu être choquées par la virulence de nos propos au sujet de Mr Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay (43), suite à sa défense des pédocriminels Frédéric Mitterrand et Daniel Cohn-Bendit à l'automne dernier. Les actes de pédophilie tarifés que se procurait Frédéric Mitterrand ainsi que les relations sexuelles que Mr Cohn-Bendit avait eues avec des enfants d'âge préscolaire qui lui furent jadis confiés, relevaient, selon notre Secrétaire d'Etat à l'Emploi, de leur vie privée. Les attaquer n'était pas très fairplay, selon ce jeune homme, c'était de la « politique de fond de cuve. »

Mr Wauquiez n'innove pas en la matière. Au contraire, il s'inscrit dans la droite lignée d'une famille de politiciens UMP qui couvrent depuis des décennies de telles activités pédophiles, autrefois nommés, et ceci avec un merveilleux sens de l'esthétique, les "ballets bleus" et "ballets roses", le tout en fonction, bien sûr, du sexe de la petite victime. Parfois, pour régler des comptes, certaines têtes "tombaient", mais alors pas très loin. Ce fut le cas de Mr André Le Troquer, élu le 24 janvier 1956 président de l'Assemblée nationale, après avoir assumé auparavant les fonctions de Ministre de l'Intérieur, puis celles du Ministre de la Défense. Mr Le Troquer eut l'immense tort de s'opposer au Général de Gaulle lorsque celui-ci revint aux affaires en 1958. « Je ne méritais pas ça. C'est le Général de Gaulle qui a exigé que je sois poursuivi ! » « Ça », c'était un an de prison avec sursis lors de son procès en correctionnelle en avril 1960. Les "ballets roses" se passaient dans le pavillon de Butard, luxueuse résidence de banlieue gracieusement mise à la disposition des présidents de l'Assemblée nationale, et ceci aux frais du contribuable, bien entendu. L'instruction de l'affaire, confiée au juge Marcel Sacotte, avait débouché sur vingt-trois inculpations, dont un commissaire et deux inspecteurs de police, un haut fonctionnaire, des industriels et des commerçants cossus. Mais la plupart des participants à ces ballets roses n'ont jamais été inquiétés. On a parlé, à l'époque, d'un peintre célèbre, d'un chef d'orchestre renommé, d'un ponte de la médecine et d'une chanteuse connue. En revanche, la carrière politique d'André Le Troquer, cet opposant à la Cinquième République naissante, a été définitivement brisée. L'ancien ministre n'a guère survécu au scandale. Il est mort le 11 novembre 1963, après deux années d'une totale solitude. Frédéric Mitterrand, lui, reste en place. Nos mœurs évoluent, mais pas dans le bon sens.

Il convient cependant de quitter ce monde relativement distingué – après tout, ce ne sont que des adolescentes prostituées qu'on enfourche ici – et de descendre un peu plus bas dans le cloaque pour voir où mènent de telles tendances si on leur laisse le champ libre. Et on leur a bien laissé le champ libre. Par contre, si vous êtes de nature un peu sensible, arrêtez ici-même votre lecture de cet article et prenez une publication un peu moins radicale pour meubler votre soirée. Vous dormirez mieux.

Il existe, dans la région de la Bourgogne, une jolie petite ville appelée Auxerre. De 1971 à 1998, cette ville avait pour maire un certain Jean-Pierre Soisson (notre photo de gauche). Mr Soisson a été également, de 1983 à 1988, vice-président du Conseil Général de l'Yonne. De 1986 à 1992 il fut vice-président du Conseil Régional de Bourgogne, puis de 1992 à 2004, Président. Il régnait en suzerain sur ce coin de France. « Mon rapport avec Auxerre est affectif, pas politique » clamait-t-il au journal "La Croix" le 21 décembre 1994. « Quand un gamin naît, la famille vient me demander l'inscription en crèche. Après, c'est une bourse pour l'école, puis le service militaire qu'il veut faire ici ou là. Et quand un garçon veut se marier, son père veut que je me renseigne sur la petite. Une fois que je les ai mariés, il leur faut encore un logement… »

Et si jamais le "gamin" quittait le droit chemin, ne vous en faites pas, dans cette Yonne si paternaliste, Mr Soisson chapeautait toutes sortes d'institutions spécialisées pour lui venir en aide. Parmi la multitude, citons l'exemple d'une association grassement subventionnée de l'époque, "La Fraternité Notre-Dame", dont l'objet était « la réinsertion de jeunes en difficulté ou sortant de prison ». Son Président-Fondateur s'appelait Mr Georges Fritsch. Mr Fritsch était membre du comité de gestion au CAT (Centre d'Aide par le Travail) de Mézilles, puis ami d'un des fondateurs de l'APAJH (Association pour Jeunes Adultes Handicapés), Georges Decuyper. D'excellentes références. Mr Fritsch fonda "La Fraternité Notre-Dame", en réalité, pour la "réinsertion" d'un seul homme, un dénommé Claude Dunand. Ce taulard, matricule 32/46 à la Maison d'Arrêt d'Auxerre, officiellement représentant de commerce, croupissait dans sa cellule depuis 1984 et attendait toujours son procès en 1989, date à laquelle Georges Fritsch a commencé à s'intéresser à lui. Cinq ans de préventive. Une situation objectivement choquante, comme dans tous les cas où la prison avant jugement devient abusive. Georges Fritsch, parfait dévot se revendiquant d'un groupe charismatique, devient visiteur de prison pour apporter tout le réconfort dont il est capable au pauvre Dunand. Puis, le 18 décembre 1989, il écrit au Garde des Seaux de l'époque, Pierre Arpaillange : « Je profite de mes vieilles et excellentes relations avec Monsieur Jean-Pierre Soisson pour vous atteindre directement de façon certaine. Je souhaite attirer votre attention sur … une détention provisoire (six ans) inadmissible concernant un homme qui a maintenant plus de cinquante-cinq ans. » Il s'agit, bien sûr, de Mr Dunand. Puis, le 5 janvier 1990, c'est le Président du Conseil Régional lui-même, Jean-Pierre Soisson, Ministre du Travail, de l'Emploi (comme on s'y retrouve !) et de la Formation professionnelle, qui intervient auprès de son collègue Garde des Sceaux. Claude Dunand obtient rapidement une libération de la Maison d'Arrêt d'Auxerre. Il attendra l'ouverture de son procèès à Mézilles, logé par la Fraternité Notre-Dame qui, par le même biais Fritsch-Soisson, a obtenu entretemps une "subvention d'investissement" de l'État (Ministère de la Justice) à hauteur de 200 000 francs. Et c'est en qualité de prévenu libre, qu'en novembre 1991, Claude Dunand, le protégé de Jean-Pierre Soisson et de Pierre Arpaillange, va comparaître devant la Cour d'Assises de l'Yonne. Où il sera condamné à perpétuité.

Car Claude Dunand n'est autre que celui que la presse locale a surnommé "le sadique d'Appoigny". Selon L'Yonne Républicaine: « En 1984, Huguette et Michaëla furent séquestrées, dans un pavillon à Appoigny, par Claude Dunand, un VRP bien sous tous rapports. Bon voisin, bon père de famille, collègue aimable. Mais Dunand n'était, en fait, qu'un dangereux pervers. Il séquestra plusieurs jeunes femmes dans son pavillon situé … allée des Violettes. Viols et actes de barbarie se succédèrent alors. » Huguette et Michaëla, enchaînées sur une croix pendant trois mois pour la première, un mois pour la seconde, subissent viols et tortures infligés par Dunand et les dizaines de clients qui passent au pavillon. Ces derniers n'ont jamais été identifiés. Pourtant, plusieurs témoignages font état de "visiteurs" qui arrivaient au volant de voitures de luxe. Dans le pavillon d'Appoigny, on retrouva un imposant assortiment d'instruments de torture. Fouet, chaînes, godemichés, sans oublier une croix gammée qui servait à brûler les victimes. Toujours selon L'Yonne Républicaine, l'instruction dura huit ans, et Claude Dunand fut libéré, pendant cette période, suite à "une erreur de procédure". Le quotidien explique: « Le sadique d'Appoigny retrouva un emploi de chauffeur de car et se remaria, pendant que ses victimes couraient les hôpitaux psychiatriques. Huguette, détruite psychologiquement, fit trois tentatives de suicide. Elle pesait quatre-vingt-dix kilos avant sa séquestration, cinquante-neuf seulement trois mois plus tard. Son corps martyrisé avait autant besoin de soins que son psychisme. Plus, peut-être, tant la sauvagerie de Dunand et de ses clients l'avaient meurtrie. »

Concernant Michaëla, la liste des ecchymoses, des hématomes, des plaies infectées, des brûlures, des lésions dans les muqueuses, des cicatrices récentes constatées par deux médecins légistes, prend trois pages dactylographiées. Sa compagne d'infortune, Huguette, a dû subir plusieurs opérations des seins que la Sécurité Sociale rechigna à prendre en charge. « On me répondait qu'il s'agissait de chirurgie esthétique », dit-elle.

Claude Dunand fut condamné à perpétuité et son épouse à cinq ans de réclusion criminelle. Les clients courent toujours. L'Yonne Républicaine poursuit: « Des rumeurs persistantes se répandirent alors. On parla de « notables impliqués », de gens connus et donc protégés, mais aucun élément de preuve ne put être fourni, même si Claude Dunand lâcha au cours de son procès : « Il y avait des gens importants. » Quant aux deux victimes présentes au procès, elles ne risquaient pas de reconnaître leurs bourreaux. Elles étaient cagoulées lors des sévices. Et les bourreaux ne parlaient pas. »

Dans la lettre qu'il avait adressée au Garde des Sceaux le 18 décembre 1989 pour réclamer la libération de son ami, Georges Fritsch insistait, dans sa conclusion, sur l'état d'esprit du prisonnier: « Il commence à paniquer quant à sa réinsertion si celle-ci ne tarde trop. Quand il raisonne ainsi, il ressent comme une injustice d'être le seul de tous les inculpés à rester en détention. » Au fait, il n'y aura que deux personnes dans le box des accusés: Dunand et son ex-femme.

On ne peut pas dire que l'enquête fût très approfondie pour ce qui concerne la recherche des "clients" du couple infernal. Pourtant, en bons tortionnaires proxénètes, Mr & Mme Dunand tenaient un livre de comptes. Un carnet sur lequel le couple notait le nom des clients, la date de leurs passages et le montant de la passe. Les tarifs étaient affichés dans le pavillon d'Appoigny. Fouetter ou cravacher: 200 francs. Percer ou pincer les seins ou les fesses avec des aiguilles ou des pinces: 300 francs. Percer les lèvres vulvaires avec des aiguilles: 400 francs. Poser un écarteur dans le vagin et l'anus: 500 francs. Écraser une cigarette incandescente sur un sein: 600 francs. Une affiche, dans la cave, invitait à participer à une soirée "tortures" au prix de 400 francs la place.

Ce carnet, mis sous scellés au cours de l'enquête, a mystérieusement disparu du dossier … dans le cabinet même du Juge d'Instruction. Le même magistrat * instructeur, ensuite en poste dans l'Est de la France, n'a toujours pas amélioré son sens du rangement. Dans deux autres affaires de pédocriminalité qu'il a eues à instruire, les plaignantes ont constaté la disparition, dans le dossier, de pièces qu'elles avaient remises …

En 1993, la CIVI (Commission d'Indemnisation des Victimes d'Infractions) examina les demandes d'Huguette et de Michaëla. Claude Dunand fut condamné à leur verser respectivement 500 000 et 200 000 francs, soit environ 500 francs par jour d'enfer. Une somme inférieure au tarif d'une cigarette écrasée sur un sein. Mais Claude Dunand était devenu insolvable. Cependant, son mandataire financier, le Président de la Fraternité Notre-Dame, ainsi que le Directeur d'agence locale du Crédit Lyonnais, sont restés très proches de ce client démuni. Le banquier adressa même une petite carte à en-tête de la banque à Georges Fritsch, le priant « de transmettre mes sincères remerciements à Mr Claude Dunand, ainsi que ceux de mes collaborateurs, pour la confiance dont il m'honore. Et merci à vous, Monsieur Fritsch, d'être le lien qui permet des relations normales. Très bonnes fêtes de Noël et meilleurs vœux pour l'année nouvelle. » Nous n'avons manifestement pas tous la même vision des relations normales que ce banquier infect.

Huguette et Michaëla, comme les disparues de l'Yonne, étaient placées sous la protection de la DDASS. Les activités lucratives du couple tortionnaire ont été stoppées parce que l'une des deux victimes, Huguette, avait réussi à s'évader le 20 janvier 1984 et à donner l'alerte. Le couple recrutait ses victimes parmi les filles de la DDASS, par le biais de petites annonces proposant du travail.

Georges Fritsch a rapidement quitté l'Yonne après la condamnation de son ami Claude Dunand. La Fraternité Notre-Dame a été mise en liquidation judiciaire le 22 février 1996. Le Conseil Général de l'Yonne lui avait versé 800 000 francs de subventions sans le moindre contrôle. Un prêtre qui avait fait confiance à Georges Fritsch ne décolère pas: « J'ai appris par la suite que Georges Fritsch, ce faux bigot illuminé, avait quitté la région parisienne après une affaire de mœurs. J'ai toujours été frappé par son efficacité pour obtenir des subventions élevées du Conseil Général, avec la caution de la Préfecture. Comment ne lui aurais-je pas fait confiance ? Il avait ses entrées à l'archevêché. Lorsque j'ai commencé à avoir des doutes, j'ai alerté ma hiérarchie. Et là c'est moi qui suis devenu la bête à abattre. Je me suis retrouvé seul, isolé. Quand mon père est mort, aucun abbé n'est venu à l'enterrement. »

L'archevêché ne s'est guère ému de l'intervention de l'abbé cité lorsque ce dernier mettait en garde contre les activités du faux dévot. Il n'est pas intervenu non plus dans deux autres affaires mettant en cause deux prêtres du département. Il n'a pas réagi lorsque deux autres scandales ont éclaté dans des institutions catholiques: des professeurs abusaient de leurs élèves au collège Saint-Joseph à Auxerre et au lycée Saint-Jacques à Joigny. La Directrice de ce lycée appartenait cependant à la même congrégation qu'une religieuse Juge des Enfants à Auxerre.

Quant au sadique d'Appoigny, Claude Dunand, il a obtenu la liberté conditionnelle en 2001. Seuls trois "clients" du couple Dunand avaient été identifiés: Georges Ethievant, Paul Lefort et Joseph Quiock. Les deux premiers seront mis en examen. Paul Lefort, qui avait reconnu les faits, sera retrouvé mort en avril 1984. Georges Ethievant, qui avait connu Dunand au Club des Genêts d'Or à Paris, mourra en 1990, peu avant sa comparution en Cour d'Assises. Quiock, quant à lui, avait fourni de "solides" alibis prouvant qu'il n'avait pu se trouver dans l'Yonne aux jours mentionnés. Monique, l'ex-femme de Claude Dunand, fera une chute mortelle dans ses escaliers. Danièle Bernard, une infirmière qui a connu les victimes d'Appoigny, est assassinée chez elle à coups de tisonnier après avoir été torturée. Pour l'Adjudant Christian Jambert, gendarme "suicidé" le 4 août 1997 de deux balles dans la tête, cela ne faisait pas de doute: Claude Dunand et Émile Louis (photo du milieu) avaient des amis communs. Tous deux ont vécu dans le même village, Migennes. Puis travaillé au même endroit, la gare routière d'Auxerre. Et des enquêteurs de l'époque affirment aujourd'hui que « les clients de Dunand sont les mêmes que ceux qui manipulent la justice auxerroise. » Derrière Émile Louis et Claude Dunand, il y a manifestement des gens bien installés au cœur des institutions et qui assurent l'impunité. Notons que Mme Nicole Charrier, par exemple, amie d'Émile Louis, était conseillère municipale sur la liste de … Jean-Pierre Soisson. Notons, pour finir, que l'ami Soisson était co-fondateur du Parti Républicain en 1977, puis de l'UDF, avant de rejoindre Démocratie Libérale et l'UMP. Avec Wauquiez (photo de droite), on se retrouve donc dans la même famille politique, avec la même "vie privée" et les mêmes "relations normales." Des "secrets de famille" qui se conservent à coups de meurtres et de millions. Pour ce qui concerne Nicole Charrier, directrice d'un foyer de l'APAJH, ajoutons qu'elle avait été témoin de moralité en faveur d'Émile Louis, qu'elle avait qualifié d'"irréprochable". Son mari à elle, Pierre Charrier, secrétaire général de l'APAJH de l'Yonne, fut tout aussi "irréprochable" en son genre: en 1992, il fut condamné à six ans de prison pour le viol d'une handicapée de vingt-trois ans. Et l'Église catholique dans tout ça ? Le dernier mot ira à un habitant (anonyme) d'Auxerre: « Je veux bien vous dire, mais ne me citez pas. Cherchez l'ogre. La calotte et les francs-maçons, ici, sont comme cul et chemise. Vous m'avez compris ? » Oui, on pense avoir compris.



* Fort malheureusement, nous n'arrivons pas à savoir le nom de ce Juge d'Instruction protecteur de pédocriminels. Tout lecteur de cet article qui serait en mesure de nous le communiquer est invité à prendre contact avec nos instances régionales ou nationales, de manière anonyme s'il le faut. C'est avec plaisir que nous publierons ensuite le nom du magistrat dépravé, ainsi que le détail de sa situation actuelle, une fois l'information vérifiée.




source:
freddy http://parti-national-radical-rhone-alpes-auvergne.fr/cloaque.htm
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MessageSujet: Re: CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES...   CLAUDE DUNAND, ÉMILE LOUIS ET LES AUTRES... Icon_minitimeJeu 1 Sep 2011 - 19:50

LE VRAI ROMAN NOIR DES DISPARUS DE L'YONNE







Depuis l’arrestation d’Émile Louis, Auxerre ose se souvenir Il y a les faits. Il y a aussi ce silence: cette chape de plomb qui s’abat sur une petite ville, cette omerta qui lie des notables et sur laquelle butent les bonnes volontés. On les a appelées « les disparues de l’Yonne »: violées, torturées, assassinées... "Disparues", parce que ceux qui avaient pour devoir de les chercher n’ont pas voulu voir, entendre. Elsa Vigoureux a remonté la piste des victimes et des bourreaux. Au fil des témoignages et des procès-verbaux surgissent d’étranges coïncidences. Un voyage dans un coin de France qui a basculé dans l’horreur.



Elle parle aussi vite qu’elle courrait pour s’enfuir. Huguette s’excuse, mais ce Dunand l’a tuée « de la tête aux pieds ». En plus de ça, elle a cette trouille qui lui serre le ventre: « Faire attention à la peau de mes deux gosses. » Elle a bien écrit au juge d’application des peines, le suppliant d’interdire à Claude Dunand de mettre les pieds dans le département où elle habite. Parce qu’il est « libre comme l’air maintenant, hein ». Condamné en 1991 pour tortures et actes de barbarie à la prison à perpétuité, Claude Dunand a été remis en liberté en juin 2001. Et le juge n’a pas répondu à Huguette. « Même pas une lettre. Pourquoi ? » C’est la panique, elle hache son discours, le ponctue de « y a trop de protections dans cette affaire... Ils sont tous véreux à Auxerre ». Son histoire, c’est une pièce du puzzle dans l’affaire des disparues de l’Yonne. Huguette en est convaincue. Ces sept filles qui ont disparu à la fin des années 70 étaient comme elle des enfants de l’Assistance publique. Et Huguette a même connu l’une d’entre elles au foyer de Montmercy. L’un de ces établissements par où passait Émile Louis dans son car de ramassage scolaire des Rapides de Bourgogne. « Des hasards, il y en a trop... » Huguette patauge dans le souvenir qui n’en finit plus de déborder de sa mémoire ouverte. Elle raconte, elle raconte. « Parler, c’est se battre, non ? »

Huguette avait quitté les foyers de la DDASS tout en restant sous sa tutelle, lorsqu’en 1983 elle a trouvé du "travail". Une petite annonce. Un coup de fil. Une rencontre. Et c’est chez Claude et Monique Dunand, allée des Violettes à Appoigny, que la jeune femme atterrit en octobre 1983. Un homme lui enchaîne les pieds et les mains pendant qu’un autre lui jette une couverture sur la tête. Et les deux l’attachent à un tuyau. Avant de la fouetter. Le lendemain, Claude Dunand la viole. Et la laisse plusieurs jours, nue, sans eau ni nourriture. Son premier tortionnaire, un Allemand, qui se fait appeler Helmut. Il la flagelle, lui introduit des aiguilles dans les seins et dans les fesses, qu’on ne lui ôtera que le lendemain. Un autre prend plaisir à la regarder boire son urine. En tout, une trentaine d’hommes la torturent. « Des gens haut placés, venant de Paris, de Lyon... », se souvient Huguette. C’est 500 francs la pose d’écarteur dans le vagin. Et l’argent est directement reversé à l’Organisation. Dunand lui perfore les lèvres vulvaires avec des épingles à nourrice qu’il attache à ses cuisses. Lui introduit des objets dans l’anus jusqu’à le lui déchirer. Lui brûle les seins avec un tournevis rougi, dessine sur l’un d’eux une croix gammée. Et lui envoie des décharges de courant électrique dans la poitrine. Les plaies s’infectent. Claude Dunand fait venir un ami médecin. Qui soigne des plaies, juste ça. Et repart avec sa malette, comme il est arrivé. « C’est normal, ça ? » Huguette n’a pas vu le visage de cet homme-là, elle avait une cagoule sur la tête.

Mais Dunand n’en avait pas assez. Trois mois plus tard, il lui fallait une autre fille. Ce sera Mickaëlla, pupille de la nation. Ces filles-là, c’est mieux que les autres. Plus pratique, puisqu’elles n’ont pas de famille. Et la DDASS a bien trop à faire, elle ne les suit pas à la trace. Ancienne élève de l’APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés), Mickaëlla a fréquenté l’Institut médico-éducatif Grattery que dirige le réputé "intouchable" Pierre Charrier. Que quatre des sept jeunes filles disparues ont aussi fréquenté à la fin des années 70. Le 17 janvier 1984, la jeune femme est enchaînée aux quatre madriers formant une croix de Saint-André dans le sous-sol du pavillon d’Appoigny. Dans une cellule, au fond d’une pièce où les fenêtres sont obstruées par des journaux et de la laine de verre, juste meublée d’un sommier en fer et de deux tables. Sur l’une d’elles, un carton rempli de phallus artificiels en bois et en caoutchouc, de pinces à linge, d’aiguilles à tricoter, de bougies, de deux tubes de vaseline et d’une pince-crocodile. Mickaëlla, soumise comme Huguette à l’Organisation. Une mystérieuse formation, par le biais de laquelle plusieurs filles avaient été vendues aux enchères comme esclaves, alors que d’autres étaient mortes. C’est ce que racontait Dunand.

Quelques jours plus tard, Huguette parvient à s’enfuir. C’était un vendredi. Son médecin traitant a averti le procureur de la République, René Meyer. « J’ai tout raconté aux flics, le soir même. Je leur disais qu’il y avait Mickaëlla, qu’il fallait la libérer vite. Ils ne me croyaient pas. » Ce qui aurait donc laissé à Dunand le temps de passer quelques coups de fil à l’Organisation pour prévenir qu’Huguette avait fui. Et la police locale n’a débarqué que le lundi dans le pavillon d’Appoigny. Elle a interpellé Claude et Monique Dunand, libéré Mickaëlla, saisi tout le matériel. Et des carnets d’adresses, « dont l’exploitation ne permettait pas de retrouver d’autres tortionnaires », selon les enquêteurs du SRPJ de Versailles, qui ont repris l’enquête.

Ils n’identifieront donc que trois clients: Georges Ethievant, Paul Lefort et Joseph Quiock. Les deux premiers seront mis en examen. Paul Lefort, qui avait reconnu les faits, sera retrouvé mort en avril 1984. Ce qui lui a tout juste laissé le temps de parler aux enquêteurs d’une "fille" dont le tortionnaire d’Appoigny assurait s’être débarrassé. Georges Ethievant, qui avait connu Dunand au Club des Genêts d’Or à Paris, mourra en 1990, peu avant sa comparution en cour d’assises. Lors de l’instruction, il a nié avoir conseillé à Dunand de faire disparaître l’essentiel des carnets d’adresses. Quant à Quiock, il s’était déclaré étranger à tous ces faits, et avait même fourni de solides alibis: attestations de ses proches signifiant qu’il n’avait pu se trouver dans l’Yonne les jours où il était à Paris avec eux. Forcément. Cet ingénieur au centre de formation de la Marine nationale est donc toujours vivant. Monique, la femme de Claude Dunand, elle, a fait une chute mortelle dans ses escaliers.

À l’époque, l’affaire d’Appoigny intéresse beaucoup un homme à Auxerre. C’est le gendarme Jambert, un enfant de la DDASS lui aussi. Qui s’acharne alors à comprendre comment sept jeunes filles ont pu se volatiliser entre 1977 et 1979. C’est en 1981, quand il retrouve à Rouvray le cadavre d’une jeune femme, pupille de la nation, que commence son enquête. La dernière personne qui avait vu la victime, c’était un certain Émile Louis. Et Jambert s’aperçoit bien vite que ce chauffeur de car connaît chacune des sept disparues. L’affaire d’Appoigny, « il aurait aimé bossé dessus, raconte aujourd’hui son fils. Pour lui, tout ça avait quelque chose à voir avec l’affaire de ces sept filles mystérieusement disparues. Mais personne ne l’écoutait à l’époque. Ni au tribunal ni à la gendarmerie ». Rendue en 1984, l’enquête préliminaire du gendarme restera d’ailleurs introuvable pendant les douze années suivantes. Pour Jambert, cela ne faisait pas de doute: Claude Dunand et Émile Louis avaient des amis communs. Tous deux ont vécu dans le même village, à Migennes. Puis travaillé au même endroit, à la gare routière d’Auxerre. Et des enquêteurs de l’époque affirment aujourd’hui que « les clients de Dunand sont les mêmes que ceux qui manipulent la justice auxerroise ». Derrière Émile Louis et Claude Dunand, des notables, des gens bien installés au cœur des institutions, qui tiennent à leur place et qui participent, au moins par leur silence, à l’impunité. Émile Louis l’a lui-même répété à plusieurs reprises au cours de ses auditions : « On veut me faire porter le chapeau, mais à Auxerre, il se passe de drôles de choses... » De la DDASS à l’APAJH, en passant par le tribunal de grande instance ou la gendarmerie d’Auxerre, personne ne s’est inquiété du sort qu’ont pu subir les disparues d’Auxerre. On a simplement apposé la mention "fugue" au bas de leurs dossiers. Aux personnels des établissements qui s’interrogeaient, on répondait que les fuites étaient signalées aux autorités. Faux. « Il ne fallait pas qu’on s’en mêle, raconte une éducatrice. C’était quasiment devenu interdit de parler de ces filles. »

1992, un an à peine après l’affaire d’Appoigny: Pierre Charrier est condamné à six ans de prison ferme pour viol à répétition pendant un an sur une jeune fille déficiente mentale, élève d’un centre de l’APAJH que dirige sa femme, Nicole. Pierre Monnoir est alors adhérent de l’APAJH. Il avait un frère handicapé à l’époque. Et toutes ces histoires lui chauffent les oreilles: Appoigny, la rumeur de ces disparitions, et maintenant ces viols. Il s’en pose, des questions. « Que fait tout ce petit monde intouchable ? Ça se passe sous leurs yeux et ils ne disent rien ? Les filles disparues, ce ne sont pas des mobylettes. Il s’agit d’êtres humains ! » Il demande des comptes. À Alain Drouhin, président de l’APAJH et ancien chef de cabinet du maire Jean-Pierre Soisson. À Nicole Charrier, alors conseillère municipale sur la liste de Soisson. Amie d’Émile Louis, aussi. Toujours prête à lui rendre service: lorsque le chauffeur de car est jugé en 1983 pour attentats à la pudeur sur les gamins de la DDASS confiés à sa femme, Nicole Charrier se porte spontanément témoin de moralité pour lui.

On le prévient, Monnoir : ses insinuations pourraient bien se traduire en diffamations devant la justice. Alors, qu’il passe l’éponge sur tous ces doutes, et on n’en parle plus. Mais l’homme n’est pas du genre à se taire. Plutôt de ceux qui revendiquent le droit de comprendre. Un parent de handicapé, juste ça. Il crée alors l’ADHY (Association de Défense des Handicapés de l’Yonne). Et le voilà, ramant à contre-courant, qui se heurte à « un système puissamment verrouillé, un silence en béton armé ». À la DDASS, au tribunal, dans les cabinets d’avocats, on lui claque les portes au nez. Partout, on lui dit qu’il est "parano". À la plainte déposée en 1996, la justice répond par une ordonnance de non-information. Il reçoit des coups de fil anonymes, des menaces de mort. Pierre Monnoir « découvre l’omerta auxerroise ». On le traite de "fou". Il n’y a pas d’affaire dans la région: pas de corps, pas de crime. C’est tout. Et la presse locale enfonce le clou : « On peut simplement affirmer que des filles ont disparu et n’ont pas été retrouvées. Rien d’autre. »

Il faut attendre juillet 1997 pour que la cour d’appel de Paris ordonne l’ouverture d’une information judiciaire pour "enlèvements et séquestrations arbitraires". Une reconnaissance, si posthume soit-elle, pour ces sept jeunes filles disparues dans le pire des mépris. Comme un hommage aussi pour le travail de Jambert. Il s’est tiré une balle dans la tête un dimanche d’août 1997. Mais, finalement, il avait raison: toutes les pistes mènent au même homme. Émile Louis est arrêté en décembre 2000. Et le champ des recherches s’élargit enfin à celui des responsabilités. À la nomenklatura locale de ramer; cette fois, le courant s’inverse. Et le journal L’Yonne républicaine plonge: « La presse parisienne est insatiable. [...] Il lui faut du scandale, du vrai, politico-judiciaire de préférence. [...] Des politiques pourraient être mouillés. Bonjour l’imagination ! L’appareil judiciaire et les institutions sont déjà condamnés avant d’avoir été entendus. Il ne reste qu’à épingler Soisson, Henri Nallet ou Guy Roux. L’affaire des disparues aura alors vraiment de l’allure. »

De rapports en enquêtes, les institutions révèlent pourtant leurs manquements. La disparition dans le tribunal de la quasi-totalité des dossiers clos par un non-lieu entre 1958 et 1982 n’est pas une invention. De quoi « semer le doute sur la manière dont le parquet a traité les affaires relatives à la disparition de mineurs ou de jeunes filles majeures dans des conditions suspectes », comme en convient le procureur de la République d’Auxerre, Marie-Suzanne Le Quéau. Les avocats de la ville estiment qu’une « telle situation est inimaginable ». Comme s’ils refusaient d’y croire. D’ailleurs, ils préfèrent ne pas en parler, « personne n’a le temps de s’arrêter là-dessus ». Partout dans la ville, la même attitude. « Parce qu’Auxerre, c’est une ville fermée, si étouffante qu’on se sent oppressé, raconte une ancienne habitante, ex-employée de l’Apajh. Je n’avais qu’une envie, c’était de me tirer de là. » Fuir le souvenir. Le silence est une habitude si confortable, qu’on s’en voudrait de le rompre. Alors « les gens se cachent pour acheter le livre sur l’affaire des disparues (1) », raconte Pierre Monnoir. Et les questions démangent quelques habitants. Comme cette dame qui a attendu vingt ans avant d’oser demander par courrier au procureur de la République des nouvelles de l’affaire Lucette Evain. Il a fallu l’y pousser. « Je n’ai jamais su de quoi elle était morte, et j’y pensais tout le temps. » Son corps avait été retrouvé sur un terrain vague en 1970, pas loin du siège des Rapides de Bourgogne, où travaillait déjà Émile Louis. Et alors ? C’est une enfant de la DDASS, on boucle l’enquête: elle s’est suicidée.

Aujourd’hui, impossible de remettre la main sur la procédure, impossible de retrouver le rapport d’autopsie. En 1979, c’était au tour d’Elisabeth Fontaine. Mystérieusement volatilisée. On retrouve sa voiture sur un parking, au bord de l’Yonne. À la fourrière, direct. Pas d’enquête, rien. Les parents de la jeune fille écrivent au procureur de l’époque. Deux fois, et pas une réponse. Le dossier est refermé, Elisabeth n’allait pas bien, elle a dû vouloir en finir. C’est plus simple comme ça. Même scénario pour Marie-Angèle Domece, encore une jeune fille de la Ddass, disparue le 8 juillet 1988. Affaire classée. Et oubliée. Sylvie Baton, Joanna Parish et Danièle Bernard ont été assassinées en 1989 et 1990. Les circonstances de leur mort restent non élucidées. Et ce ne sont là que quelques exemples. Les souvenirs remontent à la surface d’une eau opaque et sale. Une matière visqueuse, qui vous colle à la mémoire. « On ne mange plus, on ne dort plus, on ne pense plus qu’à ça, raconte une ancienne employée de l’hôpital psychiatrique d’Auxerre. Et on s’interroge, on culpabilise: ai-je été le témoin aveugle d’un ignoble manège ? »

Tous ces médecins qui se retrouvaient si souvent au restaurant le Saint-Fiacre, à Appoigny. À 100 mètres à peine de l’allée des Violettes, où résidaient Claude et Monique Durand. Oui, c’est sûrement le hasard s’il était tenu par un ancien proxénète. Celui-là même sous la protection duquel Monique Dunand s’était prostituée un temps à Auxerre. Un type qui fréquentait aussi le Nicky Bar, où Émile Louis avait ses habitudes. Et où Françoise Lemoine, l’une des sept jeunes filles portées disparues, avait été embauchée comme serveuse. Mais ce ne sont que des coïncidences. À l’hôpital, c’est le docteur Dumeige qui a dirigé le service jusqu’en 1985. Il est le beau-frère de l’avocat de Nicole Charrier, adjoint au maire sous le dernier mandat de Jean-Pierre Soisson. « Il parlait de sexe toute la journée, confie l’ancienne employée de l’hôpital. Tout ce qui l’intéressait, c’était de savoir si les femmes baisaient bien... Et il y avait bien cette rumeur dans le service: on disait qu’il organisait des soirées coquines pour les notables de la ville, dans une pièce attenante à son domicile de l’hôpital. » Puis Dumeige est mort. Un jour de l’automne 1985, des amis ont frappé à sa porte. Il a mollement accepté d’aller faire un tour de planeur. Mais avant de s’envoler, Dumeige a bu le café avec eux. Et le docteur a eu un accident. Cause du décès: l’homme s’est endormi dans son cockpit. C’est vrai que ça peut arriver à tout le monde de mourir brutalement.

Le docteur Chauveau reprend le service à l’hôpital d’Auxerre. Il est aussi le psychiatre de l’institut médico-éducatif des Brions, à Tonnerre. Ce centre pour enfants handicapés dont on entendait un peu parler parce que des parents avaient déposé une plainte auprès du juge Bourguignon à Auxerre pour séquestration et coups et blessures. Elle n’a d’ailleurs jamais abouti. Mais c’est dans le service fermé du docteur Chauveau qu’un père a retrouvé son enfant autiste, élève des Brions, attaché. La peau du dos, des bras, arrachée. Et c’est des Brions encore que venait Martine B., cette jeune fille que Chauveau avait fait hospitaliser. « Elle n’avait rien à faire là, raconte une infirmière. Elle était autonome et ne souffrait d’aucun trouble psychique. » Ce à quoi Chauveau répondait qu’il la gardait « par humanité, et en attendant qu’elle trouve un placement ». Les semaines ont passé. Jusqu’à ce que Chauveau annonce enfin, en réunion de synthèse, que « la sortie de Martine B. est prête ». Elle s’en va dans une maison de retraite à Vézelay. Yvan l’infirmier l’accompagnerait là-bas, donc ? En fait, pas exactement. Parce que Chauveau a organisé les choses à l’avance : « C’est M..., son tuteur, qui la prendra à mi-chemin. » Voilà. Disparue, Martine B. L’infirmière encore: « C’est vrai qu’il se passait des choses bizarres dans ce service. On voyait des malades entrer au service libre, et finir au service fermé. Notre boulot, normalement, c’est d’instaurer le processus inverse. Et à Auxerre, un long séjour, ce n’était pas trois mois comme ailleurs. Mais trois ans. Il fallait la fermer. Les médecins étaient souverains. » Celui qui remettait en question leur décision, on l’étiquetait "fou". C’est ainsi que le silence a fait son nid à l’hôpital. Que personne n’a pris la moindre initiative lorsque Chantal C., patiente au service fermé, est partie en permission chez ses parents un week-end et qu’elle n’est jamais revenue. Mais une assistante sociale et des infirmiers "prétendument bien informés" affirmaient que Chantal C. avait rejoint un "réseau de prostitution". Chauveau, un type humain, collectionneur d’armes. De femmes, aussi. Des patientes, le plus souvent. Qui se baladait dans les couloirs, le regard caché derrière des lunettes noires. Une fiole de whisky toujours enfouie dans les poches de sa blouse blanche. Il avait un tas d’amis. Comme ce type, condamné dans une affaire de trafic de diamants. Pendant qu’il purgeait sa peine, le psychiatre a pris sa femme en charge. La pauvre était un peu déprimée, atteinte d’un cancer en plus. Un lit à l’hôpital, ça lui permettrait de prendre de la distance, de se reposer un peu. Et puisqu’il est psychiatre, Chauveau peut bien lui prescrire quelques médicaments. Quand les policiers sont venus l’interroger, l’épouse du trafiquant ne pouvait aligner trois mots.

En fait, tous ces souvenirs, c’est à cause de l’histoire d’Anna, une femme d’origine polonaise. Ces détails laissés au hasard du passé qui resurgissent et s’emboîtent, aujourd’hui. Parce que les gendarmes ont convoqué Anna en janvier 2002. Ils ont retrouvé trace de sa plainte pour séquestration dans leurs ordinateurs. Ils voulaient des précisions, parce que son dossier fait partie de ceux qui ont mystérieusement disparu du tribunal. Elle leur a raconté, Anna. Qu’à l’époque elle vivait avec un médecin de Sens, avec qui elle a eu un enfant. Qu’ils avaient pris la décision de se séparer au milieu des années 80. Mais la rupture était difficile, et Anna a été envoyée trois semaines dans le service libre de l’hôpital psychiatrique d’Auxerre. Le docteur Strutzik, un psychiatre, d’origine polonaise comme elle, a voulu lui donner un coup de main. Il l’a présentée à l’un de ses collègues qui avait besoin d’une employée de maison pour garder ses enfants. Anna a travaillé chez lui. Jusqu’à ce que Strutzik débarque un soir, accompagné d’un infirmier. Ils l’ont embarquée sous la menace d’une seringue. Placée au service fermé. Matraquée de neuroleptiques, au point de frôler l’accident cardiaque dans la nuit. Un internement irrégulier qu’il a fallu maquiller le lendemain. Heureusement que tout le monde se connaît bien et qu’on se serre les coudes, à Auxerre. Parce qu’il n’y a qu’un médecin extérieur à l’établissement hospitalier qui soit habilité à produire un certificat d’internement. C’est donc le docteur Dessens, le médecin qui "semait la terreur" dans les centres de l’APAJH où il travaillait, marié à une psychiatre de l’hôpital, qui a eu la gentillesse d’antidater un acte pour régulariser la situation d’Anna. Quelques semaines plus tard, Chauveau a intégré Anna au service libre. Elle allait bien, elle aurait pu sortir. Mais le chef du service préférait la garder. Comme Martine B.: "Par humanité". Et il a même engagé une procédure de mise sous curatelle. Pour la protéger, bien entendu. Il l’aimait bien, il lui passait toujours la main dans les cheveux. Et, en réunion de synthèse, il présentait le projet thérapeutique mis en place pour cette patiente: « La meilleure solution, c’est d’envisager un retour en Pologne. » Anna a pris la fuite un jour pendant que Chauveau faisait sa sieste, comme à son habitude, jusqu’à 16 heures. C’est d’ailleurs sûrement une coïncidence encore si l’employée de l’hôpital qui a aidé Anna a justement retrouvé les vitres de son appartement brisées un soir de cette semaine-là. Avec un plomb au milieu de son salon. Anna a déposé une plainte auprès du procureur de la République, René Meyer. Classée. Puis une autre, auprès du juge Bourguignon. L’enquête a été menée avec une célérité exemplaire: le docteur Dessens n’a pas été entendu, et Chauveau n’avait pas beaucoup de temps, alors son procès-verbal est un peu court. Le docteur Strutzik a, quant à lui, avoué les faits. Il a été mis en examen en 1989 pour séquestration arbitraire, coups et blessures par destination, faux et usages de faux en écriture. Une confrontation devait avoir lieu. Le juge Bourguignon l’a reportée. À jamais. C’est qu’il avait sûrement d’autres chats à fouetter: Danielle Bernard est retrouvée morte le 8 juillet de la même année dans son appartement. La tête rouée de coups de tisonnier, le corps lardée de coups de tournevis. Elle était infirmière à l’hôpital psychiatrique, dans un service délocalisé à Appoigny, qui recevait des enfants et adolescents dans l’attente d’un placement. La Ferme, ça s’appelait. Danielle Bernard était à ce repas champêtre auquel s’est joint le docteur Chauveau, la veille de son meurtre. Quand la police est arrivée au domicile de l’infirmière, il y avait déjà foule autour du cadavre. Des journalistes, un magistrat et l’ex-belle-mère de la victime, conseillère municipale sur la liste de Jean-Pierre Soisson. Impossible de prélever le moindre indice. Le procureur de la République de l’époque, Jacques Cazals, a classé le dossier sans suite.

Plus qu’un simple fait divers, le dossier des disparues de l’Yonne est bel et bien l’affaire d’un système. Sept disparues, et vingt ans de puissant silence auquel la justice a lâchement consenti. Une fois Émile Louis interpellé, on ne pouvait plus ignorer la scandaleuse inertie des institutions, vingt années d’indifférence, d’inaction. « L’inefficacité de la justice », cet « échec patent », cette « déficience institutionnelle », Marylise Lebranchu, garde des Sceaux, devait tenter d’y mettre un terme. Agir. Alors, en mars 2001, elle a convoqué la formation disciplinaire du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM). Le linge sale, on le lave d’abord en famille. Publiquement, quand même.

2002, mi-mars. Quatre magistrats en poste à Auxerre de 1979 à 2000 sont convoqués par leurs pairs: deux procureurs, René Meyer et Jacques Cazals; deux substituts, Daniel Stilinovic et Bertrand Daillie. La République ouvre les lourdes et épaisses portes de la première chambre civile de la Cour de Cassation. Quelques petites gens venues de la terre icaunaise en ont le vertige. « C’est beau ici. » Toutes ces dorures, ces sculptures sur les murs. Au plafond, des peintures. Le grand jeu : « Le CSM n’est pas un tribunal, mais une institution disciplinaire. »

Les failles de la justice, on va les voir. On va dire qu’il s’agit d’un scandale judiciaire. Et peut-être même qu’ils auront honte, ces magistrats qui n’ont rien vu ou rien voulu savoir. Voilà ce que les gens attendent sur leurs bancs. Ils vont être déçus. René Meyer n’a pas daigné se déplacer. « Désolé », il avait un voyage prévu de longue date. Quant aux autres, leurs discours sont prêts. Ficelés. Bertrand Daillie et Jacques Cazals, anciens substitut et procureur d’Auxerre, enfermés dans leur costume, ligotés dans leurs règles de droit, posent leurs mots, comme des briques. Cazals : « En 1993, toute cette histoire n’était qu’une petite affaire de disparitions. Le parquet ne pouvait pas y voir un dossier pénal. » C’est un mur qui se dresse entre les magistrats et le public. Ils n’ont pas de comptes à rendre à l’assistance. Pas un mot pour les victimes. C’est à leurs pairs qu’ils s’adressent. Daillie: « Les personnalités que j’ai rencontrées quand je travaillais au tribunal d’Auxerre ne m’ont jamais fait part de ces disparitions. »

Et puis, de toute façon, c’est Pierre Monnoir, président de l’ADHY, qui n’a pas fait son boulot. Parce qu’il ne leur a pas dit, en 1993, qu’il était représentant de cette association. Surtout, Pierre Monnoir a omis l’essentiel: leur livrer le nom d’Émile Louis. Voilà: c’est la faute à cet homme si le dossier n’a pas avancé. Cazals, procureur de la République d’Auxerre de 1992 à 2000, si on ne lui donnait pas "cette clé", comment aurait-il pu ouvrir les portes ? Aux gens de servir la justice, pas l’inverse. Mettre ainsi en cause des magistrats, ça ne se fait pas. L’ancien plus haut magistrat de France, Pierre Truche, a d’ailleurs fait le déplacement pour le dire. Oui, il est outré par cette audience qui offense la profession. Il lâche même : « Qu’est-ce que c’est que ce pays où on voit un gouvernement poursuivre les magistrats ? » À propos de l’affaire, il s’indigne et se permet d’affirmer: « On en fait toute une histoire, mais il n’y a pas d’affaire des disparues d’Auxerre. » Et tente de le démontrer, cite quelques noms de jeunes filles qu’on croyait disparues, et qui ne l’étaient pas. Quitte à écorcher les faits... « On a porté le nom de Katia Chandelier sur la liste des disparues, pour se rendre finalement compte que cette femme est morte en couches. » C’est presque ça, sauf que la jeune femme est toujours vivante. Sur les bancs, une femme dit: « Il se trompe ou c’est nous qui ne comprenons rien ? » Pierre Truche tourne le dos à l’assemblée. Comme à Auxerre, ici, on est solidaire. Il désigne ses collègues magistrats: « Ces hommes jetés en pâture... La garde des Sceaux y a-t-elle pensé en convoquant cette audience disciplinaire ? » Le monde à l’envers, les représentants de l’action publique victimes de l’affaire des disparues d’Auxerre. Elle en avait la tête qui tournait, l’amie d’une disparue, assise sur le banc, au fond à droite : « C’est de nous qu’il parle ? Je ne comprends rien... »

Sanctions de la garde des Sceaux: René Meyer a perdu son titre de magistrat honoraire. Daniel Stilinovic a été mis à la retraite d’office. Jacques Cazals sera déplacé d’office. Et il y en a d’autres, des magistrats, qui devraient s’inquiéter. Marylise Lebranchu a sur son bureau un nouveau rapport de l’Inspection des Services judiciaires. Il pointe de nouvelles défaillances. Alors, elle n’est pas malvenue, cette information judiciaire ouverte en mars dernier pour « corruption active et passive, trafic d’influence et recel, destruction, soustraction, recel ou altération d’un document public ou privé de nature à faciliter la découverte d’un crime ou d’un délit, la recherche des preuves ou la condamnation des coupables ». Une instruction dépaysée à Paris, « dans un souci d’impartialité », a expliqué Marie-Suzanne Le Quéau, procureur de la République d’Auxerre. Ce sont les parents d’Isabelle Laville qui ont déposé la plainte à l’origine de cette information judiciaire. Une jeune fille disparue en décembre 1987. Jamais retrouvée, mais dont le dossier avait été classé sans suite cinq semaines seulement après les faits. La machine judiciaire se met donc en route. Vraiment pas trop tôt.



(1) « Les Disparues d’Auxerre », par Corinne Herrmann et Philippe Jeanne, Ramsay.




source:
freddy http://leruisseau.iguane.org/spip.php?article531




Un seul commentaire, tout en bas de la page, daté du 5 janvier 2011:

" Ma fille est victime de ce réseau mais je n’arrive pas à l’en sortir ".
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UNE PARTIE DU CRÂNE DU GENDARME JAMBERT A DISPARU






La mâchoire inférieure et une partie de l’os orbital gauche n’auraient pas été trouvées lors de la deuxième exhumation du corps en décembre 2007, qui devait permettre de déterminer si le gendarme s’est suicidé ou non.



Une partie du crâne du gendarme Christian Jambert, qui avait démasqué Émile Louis et qui a été retrouvé mort en 1997 à Auxerre avec deux balles dans le crâne, a disparu, a-t-on appris mercredi 22 octobre de source judiciaire. La mâchoire inférieure et une partie de l’os orbital gauche n’auraient pas été trouvées lors de la deuxième exhumation du corps en décembre 2007, afin de procéder à une confrontation entre les experts qui n’étaient pas d’accord sur les circonstances du décès du gendarme.

Isabelle Jambert, la fille du gendarme, estime que cette "disparition" compromet les chances de déterminer précisément l’origine des tirs ayant tué son père. Elle sera d’ailleurs reçue jeudi au ministère de la Justice.



"Suicide peu probable"

Elle veut protester contre la décision du juge d’instruction en charge du dossier de ne pas enquêter sur la disparition de ces morceaux. Il n’y avait pas eu d’autopsie lors de la découverte en août 1997 à son domicile du cadavre de celui qui avait été le premier à établir un lien entre Émile Louis et six des sept assassinats de jeunes femmes dans l’Yonne, mais un simple examen du corps.

L’enquête avait alors conclu au suicide de ce dernier, âgé de 56 ans et dépressif. À la demande des parties civiles, la justice avait reconsidéré le dossier en novembre 2003 et décidé d’exhumer le corps du défunt. À la suite d’un premier rapport d’autopsie estimant le suicide peu probable, le parquet d’Auxerre avait ouvert en avril 2004 une information judiciaire pour assassinat. Mais les deux rapports d’autopsie suivants avaient conclu que le suicide était possible.




source:
freddy http://leruisseau.iguane.org/spip.php?article1372
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