LES ZOMBIES
Qu'est ce qu'un zombie (ou zombi) ?Un zombi (ou zombie) est un mort-vivant matériel dont la définition n'est pas simple, parce que le terme qui le désigne renvoie en fait à deux types de créatures fantastiques assez différents. Dans la culture vaudou, le zombie est un mort réanimé et sous le contrôle total d'un sorcier. Cependant, dans la culture populaire occidentale, on qualifie de zombies des morts-vivants partiellement décomposés, dépourvus de langage, de raison et souvent de conscience, qui survivent en dévorant les vivants et qui sont donc particulièrement friands de chair humaine. [...] Toutefois, en dépit de leur nom, ils ne dérivent pas vraiment du folklore vaudou, mais plutôt des revenants putréfiés et agressifs qui apparurent dans l'art occidental à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance.Les zombis dans le vaudou Dans le vaudou haïtien, le zombi est une personne victime d'un houngan (prêtre vaudou),
plongé dans un état cataleptique et privé de son âme par administration d'une puissante drogue. La victime, qui passe pour morte, est ensuite enterrée ; au bout d'un certain temps (un peu plus de 24 heures), le sorcier revient déterrer le corps de sa victime tout en récitant diverses formules magiques et lui fait boire un antidote qui le
sort de sa léthargie mais lui fait perdre toute volonté et le réduit en esclavage.Femme zombie, photographiée en 1937, à Haïti,
est vivante bien que supposée morte depuis 1907 La drogue serait à base de tétrodotoxine, un poison puissant que l'on retrouve dans le tétraodon (poisson-ballon), et serait administrée par contact avec la peau sous forme de poudre ou de liquide. En Haïti, on parle de « recevoir un coup poudre ». Elle donnerait à la victime toute
l'apparence d'un mort par un arrêt complet apparent des fonctions vitales, tandis que le sujet resterait conscient et continuerait d'entendre ce qui se passe autour de lui. Selon les sources, le poison aurait un effet limité dans le temps ou pourrait être annulé avec un antidote.
Cette pratique, courante en Haïti et au Bénin, est interdite, mais elle perdure néanmoins, le vaudou étant une tradition ancestrale dans la culture de ces peuples.
Des études ont été menées sur le sujet par le docteur Wade Davis de l'université de Harvard. Clairvius Narcisse* est une victime de la « zombification » qui a pu témoigner.
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Clairvius Narcisse est un haïtien dont la notoriété provient du récit qu'il a fait selon lequel il aurait été transformé en zombi puis libéré par ses ravisseurs. Il aurait fait partie des prétendus morts-vivants qui ont été drogués pendant toute la durée de leur esclavage pour les faire travailler dans des raffineries ou des plantations.
Récit de la zombification
Clairvius Narcisse aurait été déclaré mort le 2 mai 1962 des suites d'une maladie à l'hôpital Deschapelles à Haïti. Il aurait été enterré le lendemain dans un village près d'Esther. En 1980, 18 ans plus tard, un homme aurait accosté la sœur de Clairvius Narcisse et se serait présenté comme son frère et aurait raconté avoir été victime de zombification de la part d'un houngan sur commande de son propre frère suite à une affaire d'héritage.
Il aurait raconté qu'après avoir été frotté par une « poudre de zombi », il aurait assisté impuissant à son propre enterrement, déclarant pouvoir voir et entendre mais ni parler, ni ressentir. Après son enterrement, on l'aurait déterré puis forcé à travailler en tant qu'esclave dans une plantation avec d'autres zombis.
Afin de garder leurs esclaves, les exploitants les auraient drogués afin de les conserver dans cet état de « mort-vivant ». Clairvius Narcisse aurait dû sa reprise de conscience 2 ans plus tard à un surveillant qui aurait oublié de lui donner sa dose de drogue journalière.
Il aurait alors erré dans le pays, craignant de croiser son frère, et ce n'est qu'à la mort de ce dernier qu'il se serait décidé à retrouver sa sœur pour lui révéler son identité.
Clairvius Narcisse désigne son nom sur la tombe d'où il est sorti comme zombi esclave
L'hypothèse de Wade Davis
L'année suivante, un anthropologue canadien, Wade Davis, s'intéressa à ce cas, dans l'idée d'écrire un long reportage (contenu dans le livre Le Serpent et l'Arc-en-ciel). Beaucoup critiquent son travail et le mettent en doute, du fait de ses/leurs convictions, comme il l'explique en détail dans son livre.
Davis suppose que la mort de Narcisse n'a été qu'une apparence, résultant d'une drogue fournie par le bokor qui le persécutait. Il s'agit d'un paralysant puissant qui plonge le corps dans un état de paralysie : la tétrodotoxine. On retrouve cette même substance dans le crapaud des cannes, ainsi que dans le poisson globe. En effet, beaucoup de cuisiniers japonais ont perdu la vie en voulant cuisiner ce délicieux poisson, ou bien ont été victimes de paralysies temporaires, dont l'analogie avec le cas de Narcisse est évidente.
En ce qui concerne la privation de la mémoire et de la volonté ainsi que l'obéissance aveugle aux ordres du sorcier bokor, Davis et d'autres spécialistes ont avancé au moins trois causes qui peuvent coexister. Selon la première, la tétrodotoxine pourrait conserver son effet paralysant sur certains circuits du cerveau, même après la reprise de l'activité motrice, de façon à inhiber certaines facultés de l'individu. Selon la deuxième le bokor aurait fourni ultérieurement des drogues et des hallucinogènes à sa victime pour causer les effets mentionnés ci-dessus. Selon la troisième, de nature psychologique, il faut tenir compte de la considération dont jouit le vaudou dans la vie superstitieuse de la population de Haïti. Des éléments culturels, joints à une forte autosuggestion, auraient fait croire à Narcisse qu'il était vraiment un mort vivant. La suggestion aurait été capable d'empêcher chez la victime une réaction quelconque contre le sortilège dont elle se croyait frappée.
À l'époque, en 1987, le livre de Davis a été porté au cinéma par Wes Craven sous le même nom, Le Serpent et l'Arc-en-ciel.Les zombies dans l'imaginaire occidental La croyance aux revenants s'est développée parmi les hommes dès que ces derniers ont pris conscience de la mort et ont commencé à concevoir une existence après le trépas. Contrairement à une idée couramment reçue, la distinction entre les morts-vivants purement matériels et les morts-vivants spirituels (les fantômes) était beaucoup moins nette qu'elle ne l'est aujourd'hui parmi les peuples de l'Antiquité et du Moyen Âge. Dans l'imaginaire des Occidentaux d'autrefois, les spectres ne ressemblaient pas forcément à des hommes vivants, mais pouvaient au contraire avoir l'allure de cadavres. D'après l'écrivain Lucien de Samosate, qui vécut au IIe siècle après Jésus-Christ, les Grecs et les Romains se représentaient parfois les revenants hantant les cimetières comme des squelettes ranimés couverts de robes noires. Plus proche de nous, un conte traditionnel breton recueilli par Anatole Le Braz relate l'histoire d'un fossoyeur brisant par mégarde la poitrine d'un mort en creusant une tombe. La nuit tombé, le cadavre du défunt lui rend visite dans sa maison, afin de lui reprocher amèrement son acte, et, dans le but de l'impressionner davantage, il lui montre sa poitrine. Celle-ci n'est plus qu'une bouillie verdâtre où émergent des fragments de côtes cassées. Le revenant semble donc en pleine pourriture, il est manifestement davantage matériel que spirituel. A travers ces croyances folkloriques de la vieille Europe, on voit donc déjà apparaître l'image du zombie telle que la développeront les films d'horreur à partir de La Nuit des morts-vivants.
Au XIVe siècle, à l'occasion de la forte mortalité engendrée par la grande épidémie de peste de 1348, cette figure populaire du revenant fut récupérée par la peinture dans le cadre des danses macabres et des nombreuses illustrations du
Dit des trois morts et des trois vifs (légende racontant la rencontre inopinée de trois jeunes seigneurs avec trois morts-vivants plus ou moins putréfiés).
A l'origine, il s'agissait d'inciter les gens, par le spectacle de la pourriture et de l'horreur du cadavre, à se détourner des biens terrestres et à embrasser un idéal moral plus ou moins inspiré du renoncement ascétique des moines. Cependant, à partir du XVe siècle, ces peintures et ces dessins macabres se détournèrent de plus en plus de ce but initial et ils se mirent surtout à illustrer des histoire de revenants, sans véritable intention moralisatrice ou religieuse. Aux alentours de 1497, Albrecht Dürer exécuta une gravure intitulée
Incabus ou
Femme attaquée par la Mort.
Cette dernière représente un cadavre animé barbu, commençant à se décomposer, qui agresse une femme épouvantée et tente de soulever sa robe. Dürer grava aussi une représentation du Dit des trois morts et des trois vifs ou les trois revenants sont des cadavres putrescents qui, au lieu de donner une simple leçon de morale aux trois jeunes seigneurs, les renversent violemment de leurs chevaux et tentent de les tuer. L'un des plus importants disciples de Dürer, Hans Baldung Grien, s'engagea dans la même veine morbide et il n'hésita pas à surenchérir dans les saynètes macabres.
Dans l'un de ses tableaux intitulé
Le Chevalier, la jeune fille et la Mort, actuellement conservé au musée du Louvre, il montre un chevalier essayant de soustraire une infortunée jeune fille aux griffes d'un horrible cadavre presque entièrement pourri, dont la chair des membres tombe en lambeaux tandis que son ventre ouvert laisse échapper des entrailles noirâtres. Μalheureusement, en dépit de ses efforts, le revenant lui arrache sa bien-aimée en mordant sa robe avec hargne, comme s'il voulait la dévorer. On se trouve donc en présence d'une scène d'épouvante exactement comparable à celles des films de zombies contemporains, d'autant plus qu'on ne peut savoir si le cadavre ranimé est la Mort ou seulement un mort : en effet, il ne possède pas les attributs ordinaires de la Camarde, à savoir la faux, la lance ou le sablier. Dans le même registre, Hans Baldung Grien exécuta aussi une toile intitulée
La Mort et la femme.
On y voit une femme nue et potelée agressée par un effroyable cadavre en pleine pourriture et au visage réduit à une tête de mort, lequel la mord au menton et s'apprête visiblement à la manger. Là encore, il est clair que Baldung Grien a donné à son oeuvre deux significations : le revenant peut être la Faucheuse, mais ce peut être aussi un mort-vivant ordinaire qui attaque simplement une victime innocente. Parmi l'art macabre de la fin du Moyen Age et de la Renaissance, on pourrait signaler d'autres peintures dans le même style. Une seule toutefois mérite qu'on s'y attarde pour évoquer la "préhistoire" du thème du zombie : il s'agit du
Triomphe de la Mort de Brueghel l'ancien.
Ce tableau représente l'invasion du monde par une armée de revenants surgis de leurs tombes et conduits par la Camarde elle-même. La plupart d'entre eux sont des squelettes ranimés, mais on peut aussi apercevoir dans leurs rangs des cadavres à moitié pourris, encore recouverts de chair ou de peau parcheminée. Sous la direction de leur terrible reine, ils massacrent tous les vivants qu'ils trouvent devant eux. Cette oeuvre ne possède pas de vraie dimension religieuse : Dieu en est absent, tout comme la perspective chrétienne de la résurrection de la chair. On a l'impression que l'artiste s'est juste livré à une rêverie sur le destin de la terre si cette dernière devait affronter la brusque réanimation des défunts dormant dans les cimetières. Par là, Brueghel a véritablement annoncé le thème majeur de multiples films de zombies réalisés depuis 1968 : la conquête de la terre par des revenants qui déciment les vivants.
Comme on peut le constater, l'imagination populaire occidentale contient depuis très longtemps des créatures analogues aux zombies des films d'horreur modernes. Ces derniers ont abondamment puisé dans ce fond folklorique, bien plus que dans les croyances liées au vaudou. Il convient toutefois de noter que les historiens de l'art n'emploient pas le terme de zombie pour désigner les morts-vivants putréfiés mis en scène par l'art macabre de la fin du Moyen Age et de la Renaissance. En effet, cette notion leur paraît anachronique et ils préfèrent parler de "transis". Néanmoins, de par leur évidente parenté avec les monstres représentés par George A. Romero et ses successeurs, on peut déjà les considérer comme des zombies.
C'est lors de l'occupation d'Haïti par les États-Unis de 1915 à 1934 que le personnage du zombie a été introduit dans le patrimoine culturel américain.Dans l'imagination populaire et les œuvres fantastiques (notamment les romans, les productions cinématographiques et les jeux vidéo), le zombi est considéré comme une créature fantastique morte-vivante levée par des magiciens dotés d'un savoir dans les arcanes de la nécromancie. En effet, la croyance haïtienne concède aux sorciers un vrai pouvoir de ressusciter les morts pour les rendre esclaves. Selon cette même croyance, le zombi est censé se reconnaitre par les caractéristiques suivantes :
- il ne parle pas, mais émet des gémissements,
- il se nourrit de chair humaine,
- ses capacités cognitives sont altérées
- il boite fréquemment d'une jambe (dans les films).
- une certaine "nouvelle génération" de zombies fait son apparition dans les films, ils ne sont plus mous & amorphes mais au contraire, doté d'une vélocité & d'une force physique redoutables (Ex :Armée des morts,2004, Zack Snyder). Ou carrément doté d'une certaine forme primitive d'intelligence, comme dans Le Territoire des morts(2005), qui marque le retour du réalisateur Roméro.
- il a les yeux blancs ou rouges
- son organisme commence à se décomposer lentement, ce qui provoque une peau blafarde ou pourrie, une odeur atroce, des os et muscles plus fragiles.
- des blessures mortelles et des plaies ouvertes sont visibles sur son corps.
Cependant, le thème du mort animé par la magie est de moins en moins fréquent: le climat de psychose d'une guerre biologique et la volonté de réalisme des spectateurs, lecteurs et joueurs ont généralisé le concept de l'humain bien vivant mais infecté par un virus (souvent par morsure par un autre zombie) attaquant son cerveau, lui faisant perdre toute humanité et le poussant à se nourrir de chair humaine.
Zombie dayUn zombie day, ou zombie walk, est une manifestation publique de type Flash mob, au cours de laquelle les participants sont déguisés en zombies. Des zombie day ont été organisés dans plusieurs villes, principalement américaines, depuis 2005.
Des zombie days ont été organisés dans plusieurs villes du monde comme San Francisco, Londres, Vienne, Bruxelles, Paris, Lyon, Strasbourg ou encore La Chaux-de-Fonds.
sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombie_(mort-vivant)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Clairvius_Narcisse
http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombie_day