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 " JE SUIS DEBOUT " - L'AFFAIRE OUTREAU REVISITÉE

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MessageSujet: " JE SUIS DEBOUT " - L'AFFAIRE OUTREAU REVISITÉE   " JE SUIS DEBOUT " - L'AFFAIRE OUTREAU REVISITÉE Icon_minitimeMar 19 Avr 2011 - 17:26

" JE SUIS DEBOUT " - L'AFFAIRE OUTREAU REVISITÉE








Depuis quelques jours, Chérif Delay relit les épreuves du livre, à paraître bientôt, dans lequel il retrace sa vie d’enfant victime de viols, dans l’affaire d’Outreau. Une existence faite de souffrances, de dérives mais aussi d’espoir, désormais. De longues heures durant, il a témoigné devant la caméra de Serge Garde.

Coauteur de « Je suis debout », le journaliste livre quelques-unes des riches confessions de Chérif.



Un livre pour prendre la parole qu’on lui a confisquée

Chérif Delay veut apporter son témoignage de victime de l’affaire d’Outreau. « Il estime que sa parole lui a été confisquée, alors il la prend avec ce livre, indique Serge Garde. Il le fait tout en retenue, rendant ce qu’il dit plus terrible encore. Chérif dit que les gens pourront le juger, mais au moins après l’avoir écouté. » Avant d’écrire son histoire, le jeune homme a fait, selon le journaliste, « un travail considérable sur lui-même ». Avec ce récit, il entend aussi témoigner, non sans fierté, de ce qu’il est devenu, décidé à ne pas rester une victime toute sa vie. D’où ce titre : « Je suis debout ». Une fois son livre paru, Chérif tournera la page douloureuse de ses dix-huit premières années.



Ses parents et bourreaux

Fils d’un père dont il ne sait rien, Chérif a grandi à la Tour du Renard, à Outreau, avec sa mère, Myriam Badaoui, et son mari, Thierry Delay, qui lui a donné trois fils. Dès l’âge de 8 ans, l’enfant est violé par son beau-père. « Les pages sur sa petite enfance sont à la limite du supportable », dit Serge Garde, décrivant un enfant « écrasé physiquement et psychologiquement » par un « tyran », qui le rebaptise autoritairement Kévin car « il n’y a pas de bougnoule à la maison ». Dans son livre, Chérif appelle « Delay » son bourreau, condamné à vingt ans de réclusion. Au sujet de sa mère incestueuse, il se montre capable d’empathie sans l’excuser pour autant. D’elle, le jeune homme dit qu’elle est capable de tout. Au cours de l’instruction, Myriam Badaoui avait dénoncé d’autres personnes coupables, selon elle, de viols sur ses enfants. Elle les a disculpés puis de nouveau accusés avant d’avouer avoir menti. « La vérité, Chérif la connaît, il n’a donc pas besoin de sa mère », rapporte Serge Garde. L’aîné de la fratrie, qui a renoncé à voir sa mère en prison, où elle achève de purger ses quinze ans de réclusion, n’attend d’elle qu’une chose : la vérité sur sa propre histoire, c’est-à-dire sur l’identité de son père.



L’écrasante culpabilité

Nul n’entend remettre en cause l’acquittement de treize des dix-sept accusés de l’affaire. « Mais Chérif a parfaitement le droit de témoigner », insiste Serge Garde. Dans son récit, Chérif Delay livre donc sa vérité sur Outreau. S’il ne cite jamais de noms, le jeune homme maintient avoir été abusé par neuf adultes, dont ses parents. « Il désigne les neuf mêmes personnes que dans ses premières déclarations, il y a dix ans. Il n’a jamais varié dans ses accusations », précise Serge Garde. Dans son témoignage, Chérif confie aussi sa plus grande souffrance : ne pas avoir dénoncé plus tôt les viols alors qu’il était l’aîné de la fratrie et le premier placé en famille d’accueil. Parler aurait, selon lui, pu sauver ses frères puis les autres enfants victimes. Aujourd’hui encore, il éprouve une culpabilité écrasante. « Chérif n’arrive pas à pardonner à Kévin son silence. Il n’y a pas de tribunal plus implacable que celui qu’il a dans sa tête », résume Serge Garde.



Une dérive qui le mène en prison

Placé en foyer en Belgique, Chérif est un adolescent rebelle. A sa majorité, le voilà livré à lui-même, un aller simple pour Boulogne-sur-Mer en poche. « C’est alors une boule de haine », dépeint Serge Garde. Sans famille, Chérif dort dans la rue, SDF à 18 ans. Il survit grâce à de petites combines. Un journaliste le reconnaît et lui propose de l’argent contre une interview. Chérif refuse. Il devient délinquant, sans cesse dans la provocation des institutions. Son passé d’enfant martyrisé le hante. Estimant que « la justice l’a volé », il nourrit un projet de vengeance : trouver de l’argent pour acheter une arme et tuer ceux qui l’ont violé. Il y renoncera. Des cambriolages et des vols avec violence le conduisent en prison où il passe plus de cinq mois et tente de se suicider.



Son étonnante métamorphose

Deux personnes vont parvenir à arracher Chérif à cette spirale destructrice. Olivier, d’abord. Ce psychologue qui l’a aidé pendant sa détention est le seul à avoir su gagner la confiance du jeune en perdition, là où plusieurs psychiatres avaient échoué. Le second sauveur s’appelle Eric Legros. Il dirige la Maison des enfants de la marine, près de Boulogne-sur-Mer. Cette association d’entraide et d’action sociale prend en charge Chérif à sa sortie de prison. Dans le cadre d’un projet « jeune adulte 18-21 ans », il est envoyé en Afrique, un de ses rêves. La rupture est totale et salutaire. Au Sénégal, Chérif entame une nouvelle vie, apprend le wolof en quelques mois, multiplie les petits boulots, employé dans la restauration, une réserve animalière… Sa reconstruction est en route.


cligno étoile http://www.leparisien.fr/faits-divers/ecrase-physiquement-et-psychologiquement-21-03-2011-1369393.php