LA SYMPHONIE ROUGE
AVANT-PROPOS
Le texte présenté ici est une traduction du Ch. XL d’un livre paru à Madrid en espagnol sous le titre « Sinfonia en Rojo Mayor », et qui a maintenant dépassé sa 11ème édition, édité par Editorial ERSA dirigé par le célèbre éditeur senor Don Mauricio Carlavilla qui a gentiment autorisé cette traduction anglaise et sa publication. Dès que possible, le livre entier de plus de 800 pages suivra.
Le chapitre en question est d’une immense importance. Il est traduit à partir d’une édition russe et aussi espagnole. C’est un récit entier à lui seul.
Le propre livre du traducteur sur "la lutte pour le pouvoir mondial" traite également du problème de la super puissance et de l’asservissement global à travers les maîtres des deux vols – le capitalisme et le communisme terroriste -, qui sont tous les deux les outils des mêmes forces servant au même but. Le livre a été publié à Madrid en espagnol par Senor Carlavilla sous le titre
La Lucha por el Poder Mundial.
Dans cet ouvrage, nous voyons toute l’histoire brillamment décrite et exposée par l’un des défenseurs majeurs de la prise de contrôle subversive du monde, Christian G. Rakovsky, un des fondateurs du bolchevisme soviétique, est aussi une victime des procès spectacles juste avant la dernière guerre sous Staline. C’est un document d’une importance historique, et quiconque tient à se tenir bien informé ne devrait pas manquer de le lire et de le recommander. Ne pas connaître la thèse exposée ici c’est ne rien savoir et comprendre concernant les principaux événements et perspectives de notre époque.
Dans l’édition espagnole, Senor Carlavilla explique l’origine du texte en question. Il dit :
«
C’est le résultat d’une traduction soignée de plusieurs cahiers trouvés sur le corps du Dr Landowsky dans une cabane sur le front de Petrograd (Leningrad) par un engagé espagnol. Il nous les a apportés. Vu l’état des manuscrits, leur restauration a été un travail long et éprouvant qui a duré plusieurs années. Pendant longtemps, nous n’étions pas sûrs de pouvoir les publier. Les révélations finales étaient si extraordinaires et incroyables que nous n’aurions jamais osé publier ces mémoires si les personnes et les évènements cités ne s’accordaient parfaitement avec les faits. Avant que ces souvenirs ne voient la lumière du jour, nous nous sommes préparés aux épreuves et aux polémiques. Nous répondons entièrement et personnellement de la véracité des faits essentiels. Voyons si quelqu’un sera capable de les réfuter… »
Le Dr Landowsky était un polonais russifié qui vivait en Russie. Son père, un colonel de l’armée russe impériale, fut tué par les bolcheviques durant la révolution de 1917. La biographie du Dr Landowsky est étonnante. Il termine la Faculté de Médecine en Russie avant la révolution puis étudie 2 ans à la Sorbonne à Paris et il parle français couramment. Il s’intéressait aux effets des drogues sur l’organisme humain pour aider les chirurgiens dans leurs opérations. Étant un médecin talentueux, il mena des expériences dans ce domaine et obtint des résultats considérables.
Cependant, après la révolution, toutes les routes lui étaient barrées. Il vivait dans le besoin avec sa famille, gagnant sa vie avec des métiers de fortune. Ne pouvant pas publier des articles savants sous son propre nom, il permit à un collègue plus chanceux de les publier à son nom.
La NKVD qui voit tout (police secrète) commença à s’intéresser à ces travaux et découvrit facilement leur auteur réel. Sa spécialité était très précieuse pour eux. Un jour, en 1936, on frappa à la porte du docteur. On l’invita à les suivre et il ne put jamais rejoindre sa famille. On l’emmena dans le bâtiment du laboratoire de chimie de la NKVD près de Moscou. Il vécut là et fut forcé d’accomplir divers travaux ordonnés par ses maîtres, il fut le témoin d’interrogatoires, de tortures, et des pires évènements et crimes. Il alla deux fois à l’étranger, mais toujours sous surveillance, en tant que prisonnier. Il en savait et souffrait beaucoup, surtout que c’était un homme honnête et religieux. Il eut le courage de conserver des notes de ce qu’il avait vu et entendu, et il garda autant que possible des documents et des lettres qui passaient entre ses mains, cachant tout ça dans la patte creuse de la table du laboratoire de chimie. Il vécut ainsi jusqu’à la seconde guerre mondiale. Comment est-il arrivé à Petrograd et comment fut-il tué, on ne le sait pas.
Le document ci-dessous est l’exact enregistrement du compte-rendu de l’interrogatoire de l’ancien Ambassadeur en France, C. G. Rakovsky, durant la période des procès des trotskistes en URSS en 1938, quand il fut jugé avec Bukharin, Rykoff, Yagoda, Karakhan, Dr Levin et d’autres.
Dans la mesure où l’accusé Rakovsky avait fait comprendre, en vue de sauver sa vie, qu’il pourrait donner des informations sur des affaires de très grand intérêt, Staline avait donné l’ordre à ses agents étrangers de mener l’interrogatoire.
On sait que Rakovsky était condamné à être fusillé, comme les autres, mais sa peine fut commutée en 20 ans de prison.
La description des agents suscités est très intéressante. Il y avait un certain René Duval (alias Gavriil Gavriilovitch Kus’min), le fils d’un millionnaire, beau garçon talentueux. Il étudiait en France. Sa mère veuve l’adorait. Mais le jeune homme fut entraîné par la propagande communiste et tomba entre les mains de leur agence. Ils lui suggérèrent d’étudier à Moscou et il accepta volontiers la proposition. Il passa par la sévère école de la NKVD et devint un agent étranger, et, quand il changea d’avis, c’était trop tard. Ils ne laissent personne sortir de leurs griffes. Grâce à sa volonté, il atteint les "sommets du diable", comme il l’appelait, et profita des confidences de Staline lui-même.
L’interrogatoire eut lieu en France par cet agent. Le docteur était présent pour mettre de la drogue discrètement dans le verre de Rakovsky pour induire vigueur et bonne humeur. Derrière le mur, la conversation était enregistrée sur un appareil, et le technicien qui s’en chargeait ne comprenait pas le français. Puis le Dr Landowsky devait traduire en russe en deux copies pour Staline et Gabriel. Secrètement, il osa faire une troisième copie carbone qu’il cacha.
RAYON X DE LA RÉVOLUTION
Je retournai au laboratoire. Mon état nerveux m’inquiétait et je me prescris moi-même un repos total. Je suis au lit presque toute la journée. Me voici quasiment seul depuis déjà 4 jours.
Gabriel demandait après moi tous les jours. Il doit compter sur mon état. À la simple pensée qu’ils pourraient me renvoyer encore à Lubianka (QG de Moscou de la police secrète) pour assister à une nouvelle scène de terreur, je deviens agité et je tremble. J’ai honte d’appartenir à la race humaine. Les gens sont tombés bien bas ! Je suis tombé bien bas !
***
Ces lignes étaient tout ce que j’étais capable d’écrire, 5 jours après mon retour de Lubianka, quand j’essayais de coucher sur le papier l’horreur, en rompant ainsi l’ordre chronologique de mes notes. Je ne pouvais pas écrire. Seulement après plusieurs mois, au début de l’été, je fus capable d’exposer calmement et simplement tout ce que j’avais vu de dégoûtant, vicieux, malfaisant.
Durant les mois passés, je me suis posé un millier de fois la même question: qui était la personne qui était présente anonymement lors de la torture ? J’ai épuisé toutes mes capacités intuitives et déductives. Était-ce Ezhov ? C’est possible, mais je ne vois pas pourquoi il aurait dû se cacher. Officiellement, il est responsable, et la crainte qui l’aurait conduit à se cacher ne trouve aucune explication logique. De plus, si j’ai raison de me dire psychologue, alors ce fanatique, ce chef de la NKVD, avec ses signes d’aberration, serait sûr de jouir d’une démonstration criminelle. De telles choses, comme l’expression de l’arrogance devant un ennemi humilié qui avait été transformé en épave psychologiquement et physiquement, devraient lui apporter un plaisir malsain. J’ai analysé plus loin. L’absence de préparation était évidente. Manifestement, la décision de convoquer cette session satanique avait été prise à la hâte. Le fait que j’ai été désigné pour être présent était dû à un accord soudain. Si Ezhov avait pu choisir librement le moment, alors les préparations opportunes auraient été faites. Et alors, je n’aurai pas été appelé. Ce général de la NKVD, qui pouvait difficilement venir à temps dans le but d’assister à la torture, l’aurait su à l’avance. Si ce n’était pas Ezhov, alors qui a décidé du moment ? Quel autre chef pouvait arranger tout ça ? Cependant, mes informations sur la hiérarchie soviétique sont pauvres, mais au-dessus d’Ezhov, dans les affaires de la lignée du NKVD, il n’y a q’un seul homme, Staline. Donc, était-ce lui ?
En me posant ces questions soulevées par mes déductions, je me suis souvenu d’autres faits soutenant mon opinion. Je me suis rappelé que, lorsque j’avais regardé par la fenêtre au-dessus de la place quelques minutes avant que nous n’allions au "spectacle", j’ai vu quatre voitures identiques la traverser. Tous les soviétiques savent que Staline voyage dans un cortège de voitures identiques afin que personne ne sache dans laquelle il se trouve, et rendre ainsi tout attaque plus difficile. Était-il là ?
Mais me voici devant un autre mystère: selon les détails que m’a fournis Gabriel, les observateurs cachés étaient assis dans notre dos. Mais là, il n’y avait qu’un large miroir à travers lequel on ne pouvait rien voir. Peut-être était-il transparent ? J’étais perplexe.
***
Seulement 7 jours avaient passé, quand Gabriel vint à la maison. Je trouvais qu’il avait l’air dynamique et enthousiaste, et était d’humeur optimiste. Cependant, ces éclairs de bonheur qui éclairaient son visage au début ne sont pas réapparus. On aurait dit qu’il voulait chasser les ombres qui passaient sur son visage par une activité accrue et un effort mental. Après le repas, il me dit:
« Nous avons un invité ici. »
« Qui est-ce », demandai-je
« Rakovsky, l’ancien Ambassadeur à Paris »
« Je ne le connais pas. »
« C’est l’un de ceux que je t’ai montrés cette nuit; l’ancien Ambassadeur à Londres et Paris… Bien sûr, un grand ami de notre connaissance Navachin… Oui, cet homme est à ma disposition. Il est ici avec nous; il est bien traité. Tu dois le voir. »
« Moi ? Pourquoi ? Tu sais bien que je ne suis pas curieux de ce genre d’affaires… Je te demanderais de m’épargner cette vision; je ne suis toujours pas bien, après ce que vous m’avez forcé à voir. Je ne peux pas garantir mon état nerveux et cardiaque. »
« Oh, ne t’inquiète pas. Il n’est pas question de violence. Cet homme a déjà été brisé. Pas de sang, pas de brutalité. Il est seulement nécessaire de lui donner des doses modérées de drogues. Je t’ai amené les détails: ils sont de Levin [ancien médecin NKVD, fut un co-accusé de Rakovsky au procès] qui nous sert toujours avec ses connaissances. Apparemment, il y a une certaine substance quelque part au laboratoire qui peut marcher à merveille. »
« Tu crois tout ça ? »
« Je parle symboliquement. Rakovsky est disposé à confesser tout ce qu’il sait sur le sujet. Nous avons déjà eu un entretien préliminaire et les résultats ne sont pas mauvais. »
« Dans ce cas, pourquoi y a-t-il besoin d’un médicament miracle ? »
« Tu verras, docteur, tu verras. C’est une petite mesure de sécurité dictée par l’expérience professionnelle de Levin. Cela contribuera à ce que notre homme interrogé se sente optimiste et ne perde ni foi ni espoir. Il peut déjà voir une chance de sauver sa vie à long terme. C’est le premier effet que nous devons obtenir. Ensuite, nous devons nous assurer qu’il restera tout le temps dans l’état d’esprit de ce moment heureux décisif, mais sans perdre ses capacités mentales. Plus exactement, il sera nécessaire de les stimuler et de les accentuer. Il doit éprouver un sentiment assez spécial. Comment dire cela ? Plus exactement un état de stimulation éclairée. »
« Quelque chose comme de l’hypnose ? »
« Oui, mais sans le sommeil. »
« Et je dois inventer une drogue pour tout ça ? Je pense que tu exagères mes talents scientifiques. Je ne peux pas y arriver. »
« Oui, mais il n’est pas nécessaire d’inventer quoi que ce soit, docteur. Car Levin affirme que le problème a déjà été résolu. »
« Il me donne toujours l’impression d’être un genre de charlatan. »
« Probablement oui, mais je crois que la drogue qu’il a citée, même si elle n’est pas aussi efficace qu’il le dit, nous aidera toujours à atteindre cette nécessité; après tout, nous n’avons pas besoin d’attendre un miracle. L’alcool, contre notre volonté, nous fait dire n’importe quoi. Pourquoi une autre substance ne nous encouragerait-elle pas à dire la vérité raisonnée ? A part ça, Levin m’a parlé d’anciens cas qui semblent être authentiques. »
« Pourquoi ne voulez vous pas le forcer à participer à cette affaire une fois de plus ? Il refuserait d’obéir ? »
« Oh non, il le ferait. Il lui suffit de vouloir sauver ou prolonger sa vie, grâce à cela ou à un autre service, pour ne pas refuser. Mais c’est moi-même qui ne veux pas utiliser ses services. Il ne doit rien entendre de ce que Rakovsky me dira. Ni lui, ni personne… »
« Donc, moi… »
« Toi, c’est une autre affaire docteur. Tu es une personne profondément honnête. Mais je ne suis pas Diogène pour me précipiter chercher quelqu’un d’autre sur les longues distances enneigées de l’URSS. »
« Merci, mais je crois que mon honnêteté… »
« Oui, docteur, oui. Tu dis que nous profitons de ton honnêteté pour diverses perversions. Oui docteur, c’est ainsi… Mais c’est seulement de ton point de vue absurde. Et qui est attiré aujourd’hui par les absurdités ? Par exemple, une absurdité telle que ton honnêteté ? Tu essayes toujours d’en placer une dans une conversation sur des choses beaucoup plus attrayantes. Mais en fait, que va-t-il se passer ? Tu dois seulement m’aider à donner les doses correctes de la drogue de Levin. Il semblerait qu’il y ait dans le dosage un seuil qui sépare le sommeil de l’état actif, l’état lucide de l’ état embrumé, le bon sens du non sens… Là peut apparaître un enthousiasme excessif artificiel. »
« Si c’est tout… »
« Et encore autre chose. Maintenant, nous devons parler sérieusement. Étudie les instructions de Levin, évalue les, adapte les raisonnablement à l’état et à la force du prisonnier. Tu as le temps d’étudier jusqu’à la tombée de la nuit; tu peux examiner Rakovsky aussi souvent que tu le désire. Et c’est tout pour le moment. Tu n’imagines pas comme j’ai terriblement envie de dormir. Je dois dormir quelques heures. Si d’ici ce soir il ne se passe rien d’extraordinaire, alors j’ai donné l’ordre de ne pas être dérangé. Je te conseillerais de bien te reposer après dîner car, après ça, il ne sera plus possible de dormir avant un moment. »
Nous étions dans le vestibule. Après avoir pris congé, il monta rapidement les escaliers mais il s’arrêta au milieu.
« Ah docteur, s’exclama t-il, j’ai oublié. Un grand merci de la part du camarade Ezhov. Attends-toi à un cadeau, peut-être même une décoration. »
Il me dit au revoir et disparut rapidement dans le couloir de l’étage.
***
Les notes de Levin étaient courtes mais claires et correctes. Je n’eus aucune difficulté à trouver le médicament. C’était en doses d’un milligramme en petites tablettes. Je fis un test en suivant ses explications. Elles se sont dissoutes très facilement dans l’eau et encore mieux dans l’alcool. La formule n’était pas indiquée et je décidais plus tard d’en faire une analyse détaillée quand j’aurai le temps.
Indubitablement, il y avait une substance du spécialiste Lümenstadt, ce scientifique dont Levin m’avait parlé lors de la première rencontre. Je ne pensais pas découvrir lors de l’analyse quelque chose d’inattendu ou de nouveau. Probablement encore une base comprenant un taux considérable d’opium d’un genre plus actif que la tébaïne. J’étais bien au courant de 19 types principaux et bien d’autres. Dans les conditions où mes expériences furent menées, j’étais satisfait des faits qu’avaient produit mes recherches.
Bien que mon travail avait une direction radicalement différente, j’étais assez à l’aise dans le domaine des substances hallucinatoires. Je me souvenais que Levin m’avait parlé de la distillation d’espèces rares de chanvre indien. J’étais obligé de traiter de l’opium ou du haschich pour pénétrer le secret de cette drogue tant louée. J’aurais été heureux d’avoir l’opportunité de trouver une ou plusieurs nouvelles bases qui aurait montré ses qualités "miraculeuses". En principe, j’étais prêt à assumer une telle possibilité. Après tout, le travail de recherche dans des conditions de temps et de moyens illimités, sans l’obstacle des limitations économiques, qui était possible avec la NKVD, a fourni des possibilités scientifiques illimitées. Je me berçais de l’illusion d’être capable de trouver, à la suite de ces investigations, une nouvelle arme dans mon combat scientifique contre la douleur.
Je ne pouvais pas accorder beaucoup de temps à la diversion de telles illusions plaisantes. Je me concentrai pour définir comment et dans quelle proportion je devais donner cette drogue à Rakovsky. Selon les instructions de Levin, une tablette produirait le résultat désiré. Il prévenait que, si le patient souffrait d’une faiblesse cardiaque, il pouvait s’ensuivre une somnolence et même une léthargie totale avec un obscurcissement conséquent de l’esprit. Tenant compte de cela, je devais d’abord examiner Rakovsky. Je ne m’attendais pas à ce que l’état interne de son cœur soit normal. S’il n’y avait pas de dégâts, il y aurait sûrement une diminution de tonus par suite des expériences nerveuses, car son système ne pourrait pas être resté intact après une longue et terrifiante torture.
Je remis l’examen à après le déjeuner. Je voulais tout considérer, à la fois au cas où Gabriel voudrait donner la drogue à la vue de Rakovsky ou à son insu. Dans les deux cas, je devais m’occuper de lui dans la mesure où moi-même je devrai lui donner la drogue qu’on m’avait indiquée concrètement. Il n’y avait pas besoin de l’assistance d’un professionnel puisque la drogue était administrée oralement.
Après le déjeuner, je rendis visite à Rakovsky. Il était enfermé dans une pièce du rez-de-chaussée et était gardé par un homme qui ne le quittait pas des yeux. Comme mobilier, il y avait seulement une petite table, un lit étroit sans chevet et une autre petite table frustre. Quand je suis entré, Rakovsky était assis. Il se leva immédiatement. Il me regarda attentivement et je lus sur son visage le doute, il me semblait aussi, la crainte. Je pense qu’il avait dû me reconnaître, m’ayant vu quand il s’était assis lors de cette nuit mémorable du côté des généraux.
J’ordonnais au garde de partir et de m’apporter une chaise. Je m’assis et demandais au prisonnier de s’asseoir. Il avait environ 50 ans. C’était un homme de taille moyenne, chauve sur le devant, avec un large nez charnu. Dans sa jeunesse, son visage était certainement plaisant. Ses traits faciaux n’étaient pas typiquement sémitique mais son origine était néanmoins claire. A une époque, il était probablement assez gros, mais plus maintenant, et sa peau pendait de partout alors que son visage et son cou étaient comme un ballon crevé dont l’air s’est échappé. Le dîner habituel à Lubianka était apparemment d’un régime trop strict pour l’ancien Ambassadeur de Paris. Là, je ne fis plus d’autres observations.
« Vous fumez ? » demandais-je en ouvrant le paquet de cigarettes, avec l’intention d’établir une relation quelque peu plus intime avec lui.
« J’ai arrêté de fumer pour préserver ma santé » répondit-il d’une voix agréable, « mais je vous remercie; je crois que je suis maintenant guéri de mes maux d’estomac. »
Il fumait tranquillement, avec sobriété et non sans quelque élégance.
« Je suis docteur » me présentais-je
« Oui je sais; j’ai vu comment vous avez agi "là" », dit-il la voix tremblante.
« Je suis venu voir votre état de santé. Comment allez vous ? Souffrez-vous de quelque chose ? »
« Non, de rien »
« Êtes-vous sûr ? Et votre cœur ? »
« Grâce aux conséquences d’un régime forcé, je n’observe aucun symptôme anormal chez moi. »
« Il y en a qui ne peuvent pas être décelés par le patient lui-même, mais seulement par un médecin. »
« Je suis médecin », m’interrompit-il.
« Médecin ? », répétais-je avec surprise.
« Oui, vous ne saviez pas ? »
« Personne ne me l’a dit. Je vous félicite. Je suis très heureux d’être utile à un collègue et, peut-être, un camarade d’études. Où avez-vous étudié ? À Moscou ou à Petrograd ? »
« Oh non ! À l’époque, je n’étais pas citoyen russe. J’ai étudié à Nancy et à Montpellier où j’ai eu mon doctorat. »
« Cela veut dire que nous avons pu étudier à la même époque. J’ai suivi plusieurs cours à Paris. Êtiez-vous français ? »
« Je voulais devenir français. Je suis né en Bulgarie mais, sans ma permission, j’ai été nationalisé roumain. La province où je suis né était Dobrugda, et, après le traité de paix, elle est revenue à la Roumanie. »
« Permettez-moi d’ausculter votre poitrine », et je mis le stéthoscope sur mes oreilles.
Il enleva sa veste déchirée et se leva. J’écoutais. L’examen ne révéla rien d’anormal; comme je le supposais, de la faiblesse, mais pas de déficiences.
« Je suppose qu’on doit vous nourrir pour le cœur. »
« Juste le cœur, camarade ? » demanda t-il ironiquement
« Je le pense », dis-je en faisant mine de ne pas avoir remarqué l’ironie, « je pense que votre alimentation doit être fortifiée. »
« Permettez-moi d’écouter moi-même. »
« Avec plaisir », et je lui donnais le stéthoscope.
Il s’écouta rapidement.
« Je m’attendais à ce que mon état soit bien pire. Merci beaucoup. Puis-je remettre ma veste ? »
« Bien-sûr. Accordons-nous alors qu’il est nécessaire de prendre quelques gouttes de digitaline, ne pensez-vous pas ? »
« Trouvez-vous que c’est absolument essentiel ? Je crois que mon vieux cœur survivra assez bien les quelques jours ou mois qu’ils me restent. »
« Je vois plus loin. Je crois que vous vivrez plus longtemps. »
« Ne me ménagez pas collègue… Vivre plus ! Vivre encore longtemps !… Il doit y avoir des instructions pour la fin; l’affaire ne peut pas durer plus longtemps… Et alors, alors repos. »
Et quand il dit cela, ayant à l’esprit le repos final, il semblait que son visage avait presque une expression de bonheur. Je frissonnais. Ce désir de mourir, mourir bientôt, que j’avais lu dans ses yeux me faisait mal. J’aurais voulu lui remonter le moral par compassion.
« Vous ne m’avez pas compris camarade. Je voulais dire que dans votre cas, il peut être décidé de vous laisser vivre, mais vivre sans souffrir. Pour quoi avez-vous été emmené ici ? N’êtes-vous pas bien traité maintenant ? »
« En dernier, oui, bien sûr. Concernant le reste, j’ai entendu des allusions, mais… »
Je lui donnai une autre cigarette et ajoutai:
« Ayez espoir. Pour ma part, et dans la mesure où mon chef le permettra, je dois faire tout mon possible pour être sûr qu’il ne vous arrive aucun mal. Je dois commencer immédiatement par vous nourrir, mais pas excessivement, en gardant à l’esprit l’état de votre estomac. Nous devons commencer par un régime lacté et d’autres adjonctions plus substantielles. Je dois donner des instructions immédiatement. Vous pouvez fumer… prenez… », et je lui laissais tout ce qui restait dans le paquet.
J’appelai le garde et lui ordonnai d’allumer la cigarette du prisonnier lorsqu’il voudrait fumer. Puis je parti et, avant de me reposer quelques heures, je donnai des instructions pour que Rakovsky ait un demi-litre de lait sucré.
***
Nous nous préparions pour la rencontre avec Rakovsky à minuit. Son caractère "amical" était accentué par tous les détails. La pièce était bien chauffée, il y avait du feu dans l’âtre, une lumière douce, un petit souper bien choisi, de bons vins; tout avait été scientifiquement organisé. «
Comme pour un dîner d’amoureux », observa Gabriel. Je devais être présent. Ma tâche principale était d’administrer la drogue au prisonnier sans qu’il s’en aperçoive. Dans ce but, les boissons étaient posées, comme par hasard, près de moi, et je devais verser le vin. Je devais aussi observer la diminution de l’effet de la drogue pour donner une nouvelle dose au bon moment. C’était mon travail le plus important. Gabriel voulait, si l’expérience réussissait, obtenir dès la première rencontre un réel avancement pour le fond de l’affaire. Il était plein d’espoir. Il s’était bien reposé et était en forme. J’étais curieux de voir comment il se débrouillerait avec Rakovsky qui, il me semblait, était un adversaire de taille.
Trois gros fauteuils étaient placés devant le feu. Le plus proche de la porte était pour moi, Rakovsky serait au milieu et, dans le troisième, Gabriel, qui montrait son humeur optimiste même dans ses vêtements en portant une chemise russe blanche.
Minuit avait déjà sonné lorsqu’on nous amena le prisonnier. On lui avait donné des vêtements décents et il était bien rasé. Je l’observais de manière professionnelle et le trouvait plus alerte.
Il s’excusa de ne pouvoir boire plus d’un verre à cause de la faiblesse de son estomac. Je n’avais pas mis la drogue dans son verre et le regrettais.
La conversation commença par des banalités… Gabriel savait que Rakovsky parlait mieux français que russe, et il commença dans cette langue. Il y eut des allusions au passé. Il est clair que Rakovsky était un bon parleur. Son discours était précis, élégant et même décoratif. Il était apparemment très érudit; par moments, il faisait des citations facilement et toujours à propos. À d’autres, il fit allusion à ses nombreuses évasions, à l’exil, à Lénine, Plekhanov, au Luxembourg, et il dit même, qu’enfant, il a serré la main du vieux Engels.
Nous buvions du whisky. Après que Gabriel lui ait laissé l’opportunité de parler pendant une demi-heure, je demandais comme par hasard: « Dois-je rajouter de l’eau de Seltz ? » « Oui, rajoutez », répondit-il distraitement. Je manipulai le verre et y lâchai une tablette, que je tenais depuis le début. D’abord, je donnais du whisky à Gabriel, lui faisant savoir par un signe que le travail était fait. Je donnai son verre à Rakovsky et commençai à boire le mien. Il le sirota avec plaisir. « Je suis un mufle », me dis-je. Mais c’était une pensée fugitive, et elle disparut dans le feu agréable de l’âtre.
Avant que Gabriel n’en vienne au thème principal, la discussion avait été longue et intéressante.
J’ai eu la chance d’obtenir un document qui reproduit mieux que des notes en sténo tout ce qui fut dit entre Gabriel et Rakovsky. Le voici:
INFORMATION
INTERROGATOIRE DE L’ACCUSÉ CHRISTIAN GEORGIEVITCH RAKOVSKY
PAR GAVRIIL GAVRIILOVITCH LE 26 JANVIER 1928
Gavriil G. Kus’min – Selon notre accord de Lubianka, j’ai demandé une dernière chance pour vous. Votre présence dans cette maison indique que j’y suis parvenu. Voyons si vous ne nous décevrez pas.
Christian G. Rakovsky – Je ne le souhaite pas et ne le dois pas.
G – Mais d’abord, un avertissement bien fondé. Maintenant, nous abordons la vraie vérité. Pas la vérité "officielle" qui figure au procès à la lumière des confessions de l’accusé… C’est quelque chose qui, comme vous le savez, est grandement sujet à des considérations pratiques ou à des "considérations d’État", comme ils diraient en Occident. Les exigences de la politique internationale nous obligeront à cacher l’entière vérité, la "vérité vraie"… Quel que soit le déroulement du procès, nous dirons aux peuples et aux gouvernements seulement ce qu’ils doivent savoir. Mais lui qui doit tout savoir, Staline, doit aussi savoir ceci. Donc, quelles que que soient vos paroles ici, cela ne peut pas empirer votre situation. Vous devez savoir qu’elles n’aggraveront pas votre crime mais, au contraire, elles peuvent donner les résultats voulus en votre faveur. Vous pourrez sauver votre vie qui est actuellement déjà perdue. Alors, maintenant que je vous ais dit cela, maintenant, voyons… vous admettrez que vous êtes des espions d’Hitler, recevez des gages de la Gestapo et de l’OKW [Oberkommando der Wehrmacht, Commandement suprême de l’armée allemande]. N’est-ce pas cela ?
R – Si
G – Et vous êtes un espion d’Hitler ?
R – Oui
G – Non, Rakovsky, non. Dites la vraie vérité, pas celle des débats de la cour.
R – Nous ne sommes pas des espions d’Hitler, nous haïssons Hitler comme vous pouvez le haïr, comme Staline peut le haïr; peut-être même plus, mais c’est une question très complexe.
G – Je vais vous aider… Par chance, je sais aussi une ou deux choses. Vous, les Trotskistes, aviez des contacts avec les états-majors allemands. N’est-ce pas ?
R – Oui
G – Depuis quelle période ?
R – Je ne connais pas la date exacte mais peu après la chute de Trotski. Bien sûr avant qu’Hitler ne vienne au pouvoir.
G – Donc, soyons exact : vous n’étiez ni les espions d’Hitler ni de son régime.
R – Exactement. Nous l’étions déjà avant.
G – Et dans quel but ? Dans le but de donner la victoire à l’Allemagne et des territoires russes ?
R – Non, en aucun cas.
G – Donc, comme des espions ordinaires, pour l’argent ?
R – Pour l’argent ? Personne n’a reçu un seul Mark de l’Allemagne. Hitler n’a pas assez d’argent pour acheter, par exemple, le Commissaire aux Affaires Etrangères de l’Urss qui a à sa disposition librement un budget plus grand que les richesses de Morgan et Vanderbilt et qui n’a aucun compte à rendre sur l’utilisation de l’argent.
G – Bien, alors pour quelle raison ?
R – Puis-je parler assez librement ?
G – Oui, je vous le demande ; vous avez été invité pour cela.
R – Lénine n’avait-il pas de buts plus élevés lorsqu’il a reçu l’aide de l’Allemagne pour entrer en Russie ? Et est-il nécessaire de tenir pour vraies ces inventions diffamatoires qui ont circulé pour l’accuser ? Ne le traitait on pas aussi d’espion du Kaiser ? Ses relations avec l’Empereur et l’intervention allemande dans l’affaire de l’envoi en Russie des destroyers bolcheviques sont assez claires.
G – Que cela soit vrai ou non n’a aucun rapport avec la question présente.
R – Non, permettez moi de finir. N’est-il pas un fait que l’activité de Lénine était au début avantageuse pour les troupes allemandes ? Permettez moi… Il y avait la paix séparée de Brest-Litovsk où d’énormes territoires de l’URSS étaient cédés à l’Allemagne. Qui a déclaré la défaite en tant qu’arme des Bolcheviques en 1913 ? Lénine. Je connais par cœur les mots de sa lettre à Gorky : « La guerre entre l’Autriche et la Russie serait une chose plus utile pour la révolution mais il est difficilement possible que Francis-Joseph et Nicolas nous présentent cette opportunité. ». Comme vous voyez, nous, les soi-disant Trotskistes, les inventeurs de la défaite de 1905, continuons au stade actuel sur la même ligne, la ligne de Lénine.
G – Avec une petite différence Rakovsky, à présent il y a le socialisme en URSS pas le Tsar.
R – Vous croyez ça ?
G – Quoi ?
R – A l’existence du socialisme en URSS ?
G – Est-ce que l’Union Soviétique n’est pas socialiste ?
R – Pour moi, seulement de nom. C’est juste là que nous trouvons la vraie raison de l’opposition. Soyez d’accord avec moi, et par la force de la pure logique vous devez l’être, que théoriquement, rationnellement, nous avons le même droit de dire non, comme Staline peut dire oui. Et si pour le triomphe du communisme la défaite peut être justifiée, alors celui qui considère que le communisme a été détruit par le bonapartisme de Staline et qu’il l’a trahi, a le même droit que Lénine de devenir défaitiste.
G – Je pense, Rakovsky, que vous théorisez grâce à votre façon de faire un large usage de la dialectique. Il est clair que si d’autres personnes étaient présentes ici, je le prouverais. Très bien, j’accepte votre argument comme le seul possible dans votre position mais néanmoins je pense que je pourrais vous prouver que ce n’est rien d’autre qu’un sophisme. Mais remettons ça à une autre fois, un jour viendra. Et j’espère que vous me donnerez une chance de répondre. Mais pour le moment je dois juste dire ceci : si votre défaitisme et la défaite de l’URSS ont pour objectif la restauration du socialisme en URSS, du vrai socialisme selon vous, le trotskisme donc, dans la mesure où nous avons détruits leur leaders et leurs cadres, le défaitisme et la défaite de l’URSS n’a ni objet ni aucun sens. Suite à une défaite actuelle, il y aurait l’intronisation d’un Führer ou d’un Tsar fasciste. N’est-ce pas ?
R – C’est vrai. Sans flatterie de ma part, votre déduction est splendide.
G – Bien, si comme je le suppose vous dites cela sincèrement alors nous avons accompli beaucoup de choses : je suis staliniste et vous trotskiste ; nous avons réussi l’impossible. Nous avons atteint le point où nos points de vue coïncident. La coïncidence réside dans le fait qu’actuellement l’URSS ne doit pas être détruite.
R – Je dois confesser que je ne m’attendais pas à affronter une personne si intelligente. En fait, à la période actuelle et pour des années nous ne pouvons pas penser à la défaite de l’URSS et la provoquer, comme on sait maintenant que nous sommes dans une telle position, que nous ne pouvons pas prendre le pouvoir. Nous, les communistes, n’en tirerions aucun profit. C’est exact et cela concorde avec votre vue. Nous n’avons pas intérêt maintenant à l’effondrement de l’état staliniste ; je dis cela et en même temps j’affirme que cet état, mis à part tout ce qui a été dit, est anti-communiste. Vous voyez que je suis sincère.
G – Je vois ça. C’est la seule voie que nous puissions accepter. Je voudrais vous demander, avant de continuer, de m’expliquer ce qui me semble être une contradiction : si l’Etat soviétique est anticommuniste pour vous, alors pourquoi ne souhaiteriez vous pas sa destruction en ce moment. Quelqu’un d’autre pourrait être moins anticommuniste et il y aurait donc moins d’obstacle à la restauration de votre pur communisme.
R – Non, non, cette déduction est trop simple. Quoique le bonapartisme staliniste s’oppose aussi au communisme comme le napoléonien s’opposait à la révolution, mais il est clair que, néanmoins, l’URSS continue à préserver son dogme et sa forme communistes ; c’est formel et pas du vrai communisme. Et donc, comme la disparition de Trotski a donné à Staline la possibilité de transformer automatiquement le vrai communisme en un communisme formel, alors également la disparition de Staline nous permettra de transformer son communisme formel en vrai communisme. Une heure nous suffirait. Vous m’avez compris ?
G – Oui, bien sûr ; vous nous avez dit la vérité classique selon laquelle personne ne détruit ce dont il veut hériter. Très bien ; tout le reste est de l’agilité sophistique. Vous vous reposez sur une affirmation qui peut être facilement réfutée : l’affirmation de l’anticommunisme de Staline. Y a-t-il la propriété privée en URSS ? Y a-t-il du profit personnel ? Des classes ? Je ne dois pas continuer à me baser sur des faits, pour quoi ?
R – J’ai déjà dit que j’étais d’accord qu’il existe un communisme formel. Tout ce que vous énumérez sont seulement des formes.
G – Oui ? Dans quel but ? Par simple obstination ?
R – Bien sûr que non. C’est une nécessité. Il est impossible d’éliminer l’évolution matérialiste de l’histoire. Le mieux que l’on puisse faire est de la retarder. Et à quel prix ? Au coût de son acceptation théorique afin de la détruire en pratique. La force qui attire l’humanité vers le communisme est si insurmontable que la même force, mais déformée, opposée à elle-même, ne peut atteindre qu’un ralentissement de son développement ; plus exactement, ralentir le progrès de la révolution permanente.
G – Un exemple ?
R – Le plus évident, avec Hitler. Il avait besoin du socialisme pour la victoire sur le socialisme : c’est ça son socialisme très antisocialiste qu’est le national socialisme. Staline a besoin du communisme pour vaincre le communisme. Le parallèle est évident. Mais en dépit de l’antisocialisme d’Hitler et de l’anticommunisme de Staline, les deux, à leur regret et contre leur volonté, créent de manière transcendantale le socialisme et le communisme… eux et bien d’autres. Qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le sachent ou non, ils créent du socialisme et du communisme formels, dont nous, les communistes marxistes, devons hériter inévitablement.
G – Hériter ? Qui hérite ? Le trotskisme est complètement liquidé.
R – Bien que vous le disiez, vous n’y croyez pas. Quelle que soit l’importance de ces liquidations, nous les communistes leur survivrons. Le long bras de Staline et sa police ne peuvent pas atteindre tous les communistes.
G – Rakovsky, je vous demande, et vous l’ordonne si nécessaire, de réfréner vos allusions offensives. N’allez pas trop loin en profitant de votre « immunité diplomatique ».
R – Ai-je des lettres de créance ? De qui suis-je l’ambassadeur ?
G – Précisément de cet inatteignable trotskisme, si nous sommes d’accord pour l’appeler ainsi.
R – Je ne peux pas être un diplomate du trotskisme auquel vous faites allusion. On ne m’a pas donné le droit de le représenter et je n’ai pas endossé ce rôle moi-même. Vous me l’avez attribué.
G – Je commence à vous croire. Je prends note en votre faveur qu’à mon allusion sur ce trotskisme vous ne l’avez pas nié. C’est déjà un bon début.
R – Mais comment puis je le nier ? Après tout, je l’ai mentionné moi-même.
G – Dans la mesure où nous avons reconnu l’existence de ce trotskisme spécial d’un mutuel accord, je veux que vous me donniez des faits précis qui sont nécessaires à l’enquête sur cette coïncidence.
R – Oui, je dois pouvoir mentionner ce que vous considérez nécessaire de savoir et je dois le faire de ma propre initiative, mais je ne peux pas affirmer que c’est toujours « leur » façon de penser.
G – Oui, je dois en tenir compte.
R – Nous sommes d’accord qu’en ce moment l’opposition n’est pas intéressée par la défaite et la chute de Staline dans la mesure où nous n’avons pas la possibilité physique de prendre sa place. Là-dessus nous sommes tous les deux d’accord. Maintenant c’est un fait incontestable. Cependant, il existe un agresseur possible. Voilà ce grand nihiliste d’Hitler qui pointe son arme terrible de la Wehrmacht à l’horizon. Que nous le voulions ou non, l’utilisera t’il contre l’URSS ? Accordons nous que c’est une inconnue décisive, considérez vous que le problème a été correctement posé ?
G – Il a été bien posé. Mais je peux dire que pour moi il n’y a pas d’inconnue. Je considère que l’attaque de l’URSS par Hitler est inévitable.
R – Pourquoi ?
G – Très simple. Parce que lui, qui la contrôle, est enclin aux attaques. Hitler n’est que le condottière du capitalisme international.
R – Je suis d’accord qu’il y a un risque mais de là à affirmer sur cette base qu’une attaque de l’URSS est inévitable, il y a un fossé.
G – L’attaque de l’URSS est déterminée par l’essence même du fascisme. De plus, il y est forcé par tous ces états capitalistes qui lui ont permis de se réarmer et d’avoir les bases stratégiques et économiques nécessaires. C’est assez évident.
R – Vous oubliez quelque chose de très important. Le réarmement d’Hitler et l’aide qu’il a reçue actuellement des nations de Versailles (notez bien cela), il l’a reçue pendant une période spéciale quand nous pouvions encore devenir les héritiers de Staline en cas de défaite, quand l’opposition existait encore… Considérez vous ce fait comme un hasard ou une simple coïncidence ?
G – Je ne vois aucune connexion entre l’autorisation des puissances de Versailles du réarmement allemand et l’existence de l’opposition… L’itinéraire de l’hitlérisme est en lui-même clair et logique. L’attaque de l’URSS faisait partie de son programme depuis longtemps déjà. La destruction du communisme et l’expansion vers l’est, voilà des dogmes de « Mein Kampf », ce talmud du national socialisme… mais que vos défaitistes voulaient tirer profit de cette menace à l’URSS, c’est bien sûr, en accord avec votre façon de penser.
R – Oui, à première vue, cela paraît naturel et logique, trop logique et naturel pour la vérité.
G – Pour éviter cet évènement, de sorte qu’Hitler ne nous attaque pas, nous aurions dû nous investir d’une alliance avec la France… mais cela aurait été naïf. Cela voudrait dire que nous croyons que le capitalisme voudrait faire des sacrifices dans l’intérêt de sauver le communisme.
R – Si nous devons continuer la discussion sur la base de ces conceptions qui sont utilisées lors des grands rassemblements, alors vous avez raison. Mais si vous êtes sincère en disant cela, pardonnez moi, je suis déçu ; je pensais que les politiques de la fameuse police staliniste étaient d’un meilleur niveau.
G – L’attaque hitlérienne est, de plus, une nécessité dialectique ; c’est la même que la lutte inévitable des classes au plan international. A côté d’Hitler, inévitablement, il y aura le capitalisme mondial dans sa globalité.
R – Et c’est ainsi, croyez moi, à la lumière de votre dialectique scolastique, que je me suis forgé une opinion très négative sur la politique culturelle du stalinisme. J’écoute vos paroles comme Einstein pourrait écouter un écolier parler de physique en 4 dimensions. Je vois que vous êtes seulement au courant du marxisme élémentaire, c’est-à-dire celui qui est populaire et démagogique.
G – Si votre exposé ne sera pas trop long et compliqué, je vous serais reconnaissant de cette explication sur cette « relativité » ou « quantum » du marxisme.
R – Il n’y a aucune ironie, je parle avec les meilleures intentions… Dans ce même marxisme élémentaire que l’on enseigne même dans votre université stalinienne, vous pouvez trouver la déclaration qui contredit la thèse entière de l’inévitabilité de l’attaque hitlérienne de l’URSS. On vous apprend aussi que la pierre angulaire du marxisme est l’affirmation que, soi-disant, les contradictions sont la maladie mortelle et incurable du capitalisme… N’est-ce pas ainsi ?
G – Si, bien sûr.
R – Mais si les choses sont en fait telles, que nous accusons le capitalisme d’être imbu de contradictions capitalistes continuelles dans la sphère de l’économie, alors pourquoi devrait il nécessairement en souffrir également en politique ? La politique et l’économie n’ont pas d’importance en elles-mêmes. C’est un état ou une mesure de l’essence sociale, mais les contradictions surviennent dans la sphère sociale et sont reflétées simultanément dans les sphères politiques et économiques ou dans les deux à la fois. Il serait absurde de présumer la faillibilité en économie et simultanément l’infaillibilité en politique – ce qui est essentiel pour qu’une attaque de l’URSS devienne inévitable – selon votre postulat, absolument essentiel.
G – Cela signifie que vous reposez tout sur les contradictions, la fatalité et l’inévitabilité des erreurs qui doivent être commises par la bourgeoisie, ce qui empêchera Hitler d’attaquer l’URSS. Je suis marxiste, Rakovsky, mais ici, entre nous, pour ne pas fournir de prétexte à la colère d’un seul activiste, je vous dis qu’avec toute ma foi en Marx, je ne croirai pas que l’URSS existe grâce aux erreurs de ses ennemis… Et je pense que Staline partage la même opinion.
R – Mais je le pense… ne me regardez pas comme ça, je ne plaisante pas et ne suis pas fou.
G – Permettez moi au moins d’en douter jusqu’à ce que vous prouviez vos assertions.
R – Voyez vous maintenant que j’avais des raisons de qualifier votre culture marxiste de douteuse ? Vos arguments et vos réactions sont les mêmes que n’importe quel activiste de base.
G – Et ils ont tort ?
R – Oui, elles sont correctes pour un petit administrateur, un bureaucrate et pour la masse. Elles conviennent au combattant moyen…. Ils doivent croire et répéter tout comme cela a été écrit. Ecoutez moi de façon tout à fait confidentielle. Avec le marxisme vous obtenez le même résultat qu’avec les anciennes religions ésotériques. Leurs adeptes devaient savoir uniquement ce qui était le plus élémentaire et primitif dans la mesure où c’est cela qui a provoqué leur foi, ce qui est absolument essentiel, à la fois pour la religion et l’oeuvre de révolution.
G – Voulez vous maintenant m’ouvrir au marxisme mystique, quelque chose comme un genre de franc maçonnerie ?
R – Non, pas d’ésotérisme. Au contraire, je dois l’expliquer avec un maximum de clarté. Le Marxisme, avant d’être un système philosophique, économique et politique est une conspiration pour la révolution. Et comme pour nous la révolution est la seule réalité absolue, il s’ensuit que la philosophie, l’économie et la politique ne sont vraies que dans la mesure où elles mènent à la révolution. La vérité fondamentale (appelons la, subjective) n’existe pas en économie, en politique ou même en morale : à la lumière de l’abstraction scientifique elle est soit vraie, soit fausse. Mais pour nous, qui sommes soumis à la dialectique révolutionnaire, il n’y a que la vérité. Et dans la mesure où pour nous, qui sommes soumis à la dialectique révolutionnaire, il n’y a que la vérité et donc la seule vérité, alors cela doit être ainsi pour tous ce qui est révolutionnaire et ainsi cela l’était pour Marx. Nous devons agir selon cela. Rappelez vous la phrase de Lénine en réponse à quelqu’un qui avait démontré au moyen d’arguments que, soi-disant, son intention contredisait la réalité : « Je sens que c’est vrai » fut sa réponse. Pensez vous que Lénine parlait de façon insensée ? Non, pour lui chaque réalité, chaque vérité était relative face à la seule et absolue : la révolution. Marx était un génie. Si ces travaux s’étaient soldés uniquement par une profonde critique du capitalisme, alors même cela aurait été un travail scientifique sans égal. Mais aux endroits où ses écrits atteignent le niveau de maîtrise, vient l’effet d’un travail apparemment ironique. « Le communisme » dit-il « doit gagner car le capital lui donnera cette victoire bien qu’étant son ennemi ». Telle est la thèse magistrale de Marx…
Pourrait-il y avoir de plus grande ironie ? Et alors, afin qu’il soit cru, il lui a suffit de dépersonnaliser le capitalisme et le communisme en ayant transformé l’individu humain en individu pensant consciemment. Ce qu’il fit avec le talent extraordinaire d’un jongleur. Telle était sa méthode rusée, pour démontrer aux capitalistes qu’il y a une réalité du capitalisme et que le communisme peut triompher à la suite de l’idiotie congénitale. Puisque sans la présence de l’idiotie immortelle de l’homo economico, il ne pourrait germer en lui des contradictions continuelles, comme l’a proclamé Marx. Pouvoir atteindre la transformation de l’homo sapiens en homo stultum, c’est posséder la force magique capable de rabaisser l’homme au premier stade de l’échelle zoologique, c’est-à-dire au niveau de l’animal. Seulement s’il y a l’homo stultum à l’époque de l’apogée du capitalisme, Marx peut formuler sa proposition axiomatique : les contradictions plus le temps égalent le communisme. Croyez moi, quand vous êtes initiés à cela, que vous contemplez le portrait de Marx, par exemple celui au-dessus de l’entrée principale de Lubianka, alors vous ne pouvez pas empêcher l’explosion intérieure des rires dont Marx vous a infecté. Nous voyons comment Marx rit dans sa barbe au nez de l’humanité.
G – Et vous êtes encore capable de rire du scientifique de l’époque le plus respecté ?
R – Ridicule, moi ?… C’est la plus grande admiration ! Pour que Marx puisse décevoir tant d’hommes de science, il était essentiel qu’il les domine tous. Bien, pour porter des jugements sur Marx dans toute sa grandeur, nous devons considérer le Marx réel, Marx le révolutionnaire, Marx jugé par son manifeste. Cela veut dire Marx le conspirateur comme durant sa vie la révolution était une des conditions de la conspiration. Ca n’est pas pour rien que la révolution est redevable pour son développement et ses victoires récentes de ces conspirateurs.
G – Donc vous niez l’existence du processus dialectique des contradictions dans le capitalisme qui mène au triomphe final du communisme ?
R – Vous pouvez être sûr que si Marx croyait que le communisme parviendrai à la victoire uniquement grâce aux contradictions du capitalisme alors il n’aurait jamais, pas une seule fois, mentionné ces contradictions dans les milliers de pages de son travail scientifique révolutionnaire. Tel était l’impératif catégorique de la nature réaliste de Marx. Pas la scientifique, mais la révolutionnaire. Le révolutionnaire ou le conspirateur ne révélera jamais à son ennemi le secret de son triomphe… Il ne donnerait jamais l’information ; il fournirait de la désinformation que vous utilisez en contre-conspiration. N’est-ce pas ainsi ?
G – Toutefois, à la fin nous avons abouti à la conclusion (selon vous) qu’il n’y a pas de contradictions dans le capitalisme et si Marx en parle c’est seulement une méthode stratégique révolutionnaire. C’est ça ? Mais les contradictions colossales et toujours croissantes du capitalisme sont visibles. Alors nous en arrivons à la conclusion que Marx, en ayant menti, a dit la vérité.
R – Vous êtes un dangereux dialecticien quand vous détruisez les freins du dogmatisme scolastique et donnez libre cours à votre propre inventivité. C’est ainsi, Marx disait la vérité quand il mentait. Il mentait quand il induisait en erreur en ayant défini les contradictions comme étant continuelles dans l’histoire de l’économie du capital et les définissait comme « naturelles » et « inévitables ». Mais en même temps, il établissait la vérité car il savait que les contradictions seraient crées et grandiraient dans une progression croissante jusqu’à atteindre leur apogée.
G – Cela veut dire qu’avec vous il y a une antithèse ?
R – Il n’y a pas d’antithèse ici. Marx trompe pour des raisons tactiques sur l’origine des contradictions dans le capitalisme mais pas sur leur réalité évidente. Marx savait comment elles avaient été créées, comment elles sont devenues plus vives et comment les choses ont abouti à l’anarchie générale dans la production capitaliste, ce qui est arrivé avant le triomphe de la révolution communiste… Il savait que cela arriverait car il connaissait ceux qui ont créé les contradictions.
G – C’est une nouvelle et une révélation très étrange, cette affirmation et l’exposé des circonstances qui mènent le capitalisme à son « suicide », selon l’expression bien choisie de l’économiste bourgeois Schmalenbach, à l’appui de Marx, que ce n’est pas l’essence et la loi innée du capitalisme. Mais ça m’intéresse de savoir si nous parviendrons au personnel par cette voie ?
R – Ne l’avez-vous pas ressenti intuitivement ? N’avez-vous pas remarqué comment chez Marx les mots contredisaient les actes ? Il déclare la nécessité et l’inévitabilité des contradictions du capitalisme en prouvant l’existence de la valeur excédentaire et de l’accumulation, c’est-à-dire qu’il prouve ce qui existe réellement. Il invente habilement la proposition qu’à une plus grande concentration de moyens de production correspond une plus grande masse de prolétariat, une plus grande force pour la construction du communisme, n’est-ce pas ? Maintenant, continuons : en même temps que cette affirmation il trouve l’Internationale. Déjà, l’Internationale est, dans l’œuvre de la lutte quotidienne des classes, une « réformiste », c’est-à-dire une organisation dont le but est la limitation de la valeur excédentaire et, si possible, son élimination. Pour cette raison, objectivement, l’Internationale est une organisation contre-révolutionnaire et anticommuniste, en accord avec la théorie de Marx.
G – Maintenant Marx est contre-révolutionnaire et anticommuniste.
R – Bien, maintenant vous voyez comment on peut utiliser la culture marxiste originelle. On ne peut que décrire l’Internationale comme contre-révolutionnaire et anticommuniste, avec exactitude logique et scientifique, si on ne voit dans les faits rien de plus que le résultat directement visible, et dans les textes seulement la lettre. On en arrive à de telles conclusions absurdes alors qu’elles semblent être évidentes, quand on oublie que les mots et les faits dans le marxisme sont soumis aux règles stricts de la science la plus élevée : les lois de la conspiration et de la révolution.
G – En arriverons nous jamais aux conclusions finales ?
R – Dans un moment. Si la lutte des classes dans la sphère économique s’avère être réformiste à la lumière de ses premiers résultats, et pour cette raison contredit les présuppositions théoriques, ce qui détermine l’établissement du communisme, alors, c’est, en son sens vrai et réel, purement révolutionnaire. Mais je le répète encore : c’est soumis aux lois de la conspiration qui mènent à cacher et à dissimuler ses vrais buts… La limitation de la valeur excédentaire et donc aussi des accumulations comme conséquence de la lutte des classes, c’est juste une affaire d’apparence, une illusion pour stimuler le mouvement révolutionnaire de base des masses. Une grève est déjà une tentative de mobilisation révolutionnaire. Indépendamment de si elle réussit ou pas, son effet économique est anarchique. Comme résultat, cette méthode pour l’amélioration de la position économique d’une classe provoque l’appauvrissement de l’économie en général. Quels que soient l’ampleur et les résultats de la grève, cela causera toujours une réduction de production. Le résultat général : plus de pauvreté, ce dont la classe ouvrière ne peut se débarrasser. C’est déjà quelque chose. Mais ce n’est pas le seul résultat et pas le plus important. Comme nous le savons, le seul but de toute lutte dans la sphère économique est de gagner plus et travailler moins. Voici l’absurdité économique, mais selon notre terminologie, voici la contradiction qui n’a pas été remarquée par les masses qui sont aveuglés, à un moment donné, par une augmentation de salaire. Augmentation qui est annulée en même temps par une augmentation des prix. Et si les prix sont limités par l’action gouvernementale alors la même chose se produit, c’est-à-dire une contradiction entre le désir de dépenser plus, produire moins, qui est qualifiée ici d’inflation monétaire. Et ainsi on obtient un cercle vicieux : grève, faim, inflation, faim.
G – Sauf quand la grève a lieu aux frais de la valeur excédentaire du capitalisme.
R – Théorie, pure théorie. Parlons entre nous, prenez n’importe quel manuel annuel concernant l’économie de n’importe quel pays et divisez les loyers et le revenu total par tous ceux qui reçoivent un salaire et vous verrez émerger un résultat extraordinaire. Ce résultat est le fait le plus contre-révolutionnaire qui soit et nous devons le garder secret. C’est parce que si vous déduisez du dividende théorique les salaires et les dépenses des directeurs, ce qui serait la conséquence de l’abolition de la propriété, alors presque toujours il reste un dividende qui est un débit pour le prolétariat. En réalité, toujours un débit si nous considérons aussi la réduction du volume et de la qualité de production. Comme vous le voyez maintenant, un appel à la grève comme moyen de parvenir à une amélioration rapide du bien-être du prolétariat, est juste une excuse. Une excuse nécessaire pour le forcer à saboter la production capitaliste. Donc, aux contradictions du système bourgeois sont ajoutées les contradictions du prolétariat. C’est la double arme de la révolution et elle, c’est évident, ne surgit pas d’elle-même : il existe une organisation, des chefs, de la discipline et par-dessus tout de la stupidité. Ne suspectez vous pas que les contradictions très remarquées du capitalisme, et en particuliers les financières, soient aussi organisées par quelqu’un ?… Comme base pour ces déductions, je dois vous rappeler que dans sa lutte économique, l’Internationale prolétarienne s’accorde avec l’Internationale financière puisque les deux produisent l’inflation et partout où il y a coïncidence alors, on doit supposer qu’ il y a aussi accord. Voici ses propres mots.
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